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28 Mai 2015

Des fabricants comme Bewell Connect, IHealth, Samsung ou Terraillon, six conférences et un parcours Objets connectés, la santé connectée, a fait son entrée en force cette année à HIT du 19 au 21 mai à la Porte de Versailles dans le cadre des Salons Santé Autonomie.  (Attention l'article de synthèse est un peu long, les lecteurs pressés voudront bien me pardonner).

La santé connectée c’est d’abord un marché.
Comme l’explique Thomas Serval président co-fondateur de Kolibree (la brosse à dent connectée bientôt disponible en France…), il faut distinguer « e-selfcare » qui s’adresse au consommateur sur le créneau forme-prévention, « Health IT » pour les professionnels où l’on fait rentrer des sujets comme le DMP et la télémédecine et « e-healthcare » qui va du professionnel vers le consommateur-patient avec le monitoring à domicile Les ventes d’objets connectés santé devraient en tout cas continuer à croitre de + 40% d’ici 2016. C’est bien pourquoi, plusieurs industriels du connecté étaient présents et qu’un parcours objets connectés a été concocté par DMD santé, site spécialisé sur le sujet. Intel y est allé de sa conférence pour rappeler l’existence de son processeur Intel Atom dans les objets mobiles et son implication en faveur de l’interopérabilité au sein du consortium Continua Health Alliance. Personne ne veut louper le coche
Le défi pour les constructeurs, c’est d’arriver à autonomiser l’objet pour qu’il soit utilisable aussi bien par les personnes âgés que par les jeunes rivés à leur smartphone. Puis il leur faut passer du produit au service.

La santé connectée, ce sont des services
Samsung l’a très bien compris qui a présenté aux établissements sa nouvelle offre en location issue d’un partenariat avec Orange. Ce kit patient d’autodiagnostic comprend un ensemble de dispositifs connectés de marque TapCheck avec 120 configurations possibles (tensiomètre, glucomètre, balance, thermomètre…à interface bluetooth ou NFC) autour d’une tablette (Samsung) durcie et d’un smartphone (Samsung) lui aussi durci. La tablette présente l’avantage de fournir des contenus d’aide thérapeutique. L’envoi des données est automatique sur le cloud sécurisé d’Orange. « La solution complète est commercialisée 20 euros HT/mois, souligne Carlos Jaime, directeur santé, car nous voulons permettre au plus grand nombre d’avoir accès à nos produits » Le Pr Gil Dubernard, chef de service à la maternité de la Croix Rousse à Lyon a équipé depuis deux mois deux chambres avec pèse personne, glucomètre et tensiomètre connectés pour le suivi du diabète gestationnel. Les patientes viennent avec leur tablette (elles la reçoivent pour 12 mois dès qu’elles s’inscrivent à la Croix Rousse) et la sage-femme implémente les mesures sur le dossier. La validité des mesures est en cours. En fonction des résultats, on peut imaginer le même suivi, à domicile (pendant la grossesse et après l’accouchement) avec des sages femmes connectées. Un berceau connecté permettra bientôt le suivi du poids des nourrissons.
Bien connu du secteur santé Visiomed présentait sous sa marque Bewell Connect  My HealthBox et le concept POPS, une valisette destinée au retour à domicile (et/ou à la surveillance de malades chroniques) et comprenant un choix de dispositifs médicaux sans fil  : tensiomètre, thermomètre, oxymètre de pouls, glucomètre et bientôt ECG MyEco ( il a été présenté au MEDPI à Monaco) ainsi qu’un Hub (fourni par Orange), le POPS qui peut se porter à la ceinture ou en bracelet, reçoit des messages sur son petit écran et muni d’une carte SIM et d’un GPS, sert à envoyer les données sans avoir besoin d’un smartphone « Il y aura trois types de bundle avec des appareils différents selon les besoins et dans tous les cas, un infirmer expliquera le fonctionnement des objets, commente le Dr François Teboul chez Visiomed, avant le départ de l’hôpital, le POPS sera apparié avec le numéro unique du patient . La plate-forme de Bewell sera interconnecté avec la plate-forme de l’hôpital ». Une expérimentation est prévu cet été avec le CHU de Nantes. Le prix n’est pas encore connu.
iHealth
prépare également sous une offre avec un Hub en partenariat avec Icanopée qui sera compatible DMP (projet iHealth Discovery) mais n'avait encore rien de concret à montrer sur le sujet.
Annoncé à HIT, l’accord Qualcomm Life-Bluelinea pour le suivi à distance des patients chroniques participe de cette notion d’écosystème autour des objets connectés. La solution 2net (une prise-hub et sa plate-forme) de Qualcomm est ouverte et permet d’assurer l’interopérabilité. Elle réunit 500 partenaires et sera.utilisée pour intégrer plus rapidement tout type d’objets connectés au bouquet de service à la personne BlueHomeCare. Ce bouquet de services est déjà utilisé par plus de 12 000 personnes à leur domicile et par près de 500 établissements spécialisés. « Opérateur d’objets et de services connectés dédiés à la santé, Blue Linea a déjà déployé 10.000 objets « précise Laurent Levasseur, président du directoire. (voir le précédent article sur les plates-formes de suivi).

La santé connectée, c’est un nouveau parcours de soins
La santé connectée est passée rapidement d’un buzz high tech à la mise en place de services équipés dans de gros établissements, con state Dominique Lehalle modératrice de la table ronde « santé connectée une opportunité bénéfique pour l’organisation des soins ». On a l’intuition n que ça va résoudre certains problèmes auxquels sont confrontés les pays occidentaux « Et si parcours de soins devenait un parcours de vie. Ils sont plusieurs à l’évoquer
« Nous entrons dans un monde multidimensionnel connecté dont l’usager est le cœur, on est obligé d’y aller, souligne Jean-François Goglin (FEHAP), le dossier du citoyen-usager-patient n’est plus une simple chambre d’enregistrement des données produites mais devient le pilote de fonctions directement connectées sur le patient. Le citoyen =-usager-patient s’achètera ces objets. IL faut penser global et en parcours de vie. Le patient est le capitaine de sa propre santé et il doit être considéré comme un client auquel nous devons le meilleur service possible.
Henri Isaac (Renaissance Numérique) ajoute qu’il faut repenser la place du patient à l'hôpital. Le numérique offre un levier pour pérenniser la qualité du système en le refondant. Le patient veut y être associé.
Les patients sont demandeurs et les médecins sont leurs interlocuteurs privilégiés, note le Dr Eric Couet ,médecin généraliste connecté, fondateur de connected doctors. 40 de ses patients ont des objets.
Le médecin est passé du savoir au partage des données de « son » dossier puis aux données recueillies par le patient, renchérit le Dr Didier Mennecier, fondateur d’hepatoweb. Les professionnels de santé sont en décalage. Les patients, une enquête d’Accenture, le révèle, souhaitent que les professionnels de santé soient en mesure d’offrir des services numériques comme les rendez vous en ligne (82%) avec rappel de RV par SMS (76%) ou les échanges par messagerie sécurisées (69%) Les usagers pensent aussi qu’ils devraient avoir accès à leur dossier médical (81%) qui pourrait devenir une interface de communication entre le médecin et le patient, ce que personne n’avait envisagé.. ;
C’est bien à un parcours de vie que pensent les assureurs.Qui voient dans les objets connectés des possibilités de lutte contre l’absentéisme par une meilleure prévention. Des pistes pour la medecine du travail. L’objet connecté peut y aider car il facilite le recueil des données. Des chaussures équipées de capteurs peuvent ainsi permettre de mieux connaître le poids soulevé dans la journée par les ouvriers du bâtiment. Sintéressent à la fourniture de nouveaux services à valeur ajoutée pour l’enseignement et la prévention. Les risques : le profilage des patients assurés et un renforcement des inégalités sociales de santé entre les connectés et les autres.
Reste beaucoup de validation à faire, comme le rappelait le Pr Pierre Simon : "Le médecin s’appuie sur le SMR (service médical rendu) et pour le moment on n’a aucune preuve d’impact de ces objets sur la santé" . Le feed back des données n’est pas encore très fiable reconnait le Pr Thierry Dantoine (CHU de Limoges) mais la représentation que les patients ont de ces objets, c'est qu’ils sont motivants.

 

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