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  • Equasens acquiert Pratilog et Speech2Sense

    Après le rachat de Prokov (Medistory) et d’ICT (Chorus-Medilink), le Groupe Equasens poursuit son marché sur le segment des logiciels médicaux et infirmiers et met un pied chez les kinésithérapeutes avec l’acquisition de Pratilog et de la start-up Speech2Sense, spécialisée dans la technologie vocale et la mobilité.

    Pratilog est un sympathique petit éditeur nantais fondé en 1992 par Stéphane Hacout et Sébastien Guchet. Trente ans après, sans publicité par le bouche à oreille, ses logiciels MediPratik, InfiPratik et KinéPratik équipent environ 2000 professionnels de santé : 800 médecins, 400 infirmières et 800 kinésithérapeutes (en cabinet groupés).
    L’éditeur a souvent mis son point d’honneur à arriver le premier pour les agréments réglementaires tels que l’addendum 8 de SESAM-Vitale et l’appli carte Vitale. Il permet notamment la facturation des actes techniques aux praticiens hospitaliers ayant une activité libérale.
    Medipratik n’était pas encore référencé Ségur.
    Speech2Sense a développé Atout Care, une application mobile infirmière intégrant sa solution de reconnaissance vocale médicale structurée basée sur l’intelligence artificielle ainsi qu’un module d’optimisation des rendez-vous et des tournées.
    Atout Care est ainsi le premier assistant vocal destiné aux IDEL (Infirmier Diplômé d'Etat Libéral). L’application Atout Care comprend, transcrit, extrait les informations importantes et classe les données dans les dossiers patients. Cet outil soulage la charge mentale des infirmières et leur fait gagner en temps et en efficacité. Les données sont sécurisées sur des serveurs HDS.
    La technologie de Speech2Sense est capable de comprendre des phrases courtes, sans verbe, déstructurées, au vocabulaire médical spécifique, ce qui est impossible pour les algorithmes de transcription du marché et correspond aux besoins des professionnels de santé en mobilité. Les infirmières sont des pionnières.
    Les deux sociétés vont rejoindre la division Medical Solutions d’Equasens, dirigée par Damien Valicon et qui compte déjà Medistory et Medilink.

    Pour en savoir plus sur Equasens
    Le bilan 2022 d'Equasens s'établit avec un CA de 214,07 millions d'euros et un résultat net de 48,70 millions d'euros (+ 18,25%)

  • CMGF : Des données structurées pour participer à la recherche en médecine générale et au projet P4DP(2)

    Lors du CMGF, le thème des données structurées a été abordé à plusieurs reprises. Lors de l’atelier de la Société Française de Médecine Générale sur la structuration du dossier médical ainsi qu’en session plénière sur « Le numérique au service de la santé » avec la présentation du projet P4DP qui va solliciter d'ici à 2025, 2000 médecins généralistes dans 35 villes.

    P4DP comme Platform for Data in Primary Care. Lancé officiellement le 15 décembre 2022, ce projet s’inscrit dans la partie Santé numérique de France 2030 et va bénéficier d’un financement de 14,38 millions d’euros (dont 9,73 provenant de France 2030 sur 3 ans) Il est porté par un consortium regroupant Loamics (société spécialisée dans le regroupement de données hétérogènes), le Health Data Hub, le Collège National des Généralistes Enseignants, les universités Côte d’Azur et Rouen Normandie ainsi que le CHU de Rouen.
    « En France,la recherche porte essentiellement sur les patients des CHU, explique le Pr David Darmon vice-président Santé de l’université Cote d’Azur, mais pas sur les données de ceux des cabinets comme les motifs de consultation, les résultats de consultation, les actions avisées. Données que l’on peut coupler avec les données de l’Assurance maladie. Nous pourrons mieux comparer nos pratiques, orienter les besoins en FMC".
    Des P4DP régionaux ont servi de tests. En Côte d’Azur tout d'abord avec une réplication au CHU de Rouen.
    Des partenariats ont été noués avec les éditeurs de deux logiciels . Un panel de 70 médecins a fourni les données de 3, 5 millions de consultations provenant de 180 000 Dossiers patients. Les médecins ont reçu des tableaux de bord. « Nous avons par exemple sorti des tableaux grippe , assez identiques à ceux du réseau sentinelle ». Ce qui a validé la démarche tout en soulignant les améliorations à apporter.
    Comme la réalisation d'une brique à proposer à tous les éditeurs de logiciels.

    2000 médecins généralistes à recruter

    Pour constituer cet entrepôt de données de santé en soins primaires qui seront chaînées aux données de l’Assurance Maladie dans le cadre du système national de données de santé (SNDS), il faut recruter 2000 médecins ainsi que des assistants en qualité de données dans 35 villes, 
    Pour que les médecins généralistes y trouvent une plus value, ils se verront proposer de la formation et des restitutions individuelles.
    Pour les MSP, ce seront des outils de pilotage.
    On peut en attendre une amélioration de la qualité des soins et de la prise en charge du patient.
    Au niveau régional, les ARS n’ont jusqu’à présent que très peu de données sur la médecine de ville. La surveillance épidémiologique s’en trouvera renforcée. Avec une identification des signes précoces lors des crises sanitaires.
    Le P4DP apporte également un soutien à la recherche et aux essais cliniques.
    Enfin, "le P4DP, c’est la preuve que la médecine générale est capable de monter des projets de taille industriel, conclut le Dr Pascal Charbonnel, l’un des modérateurs de la session.

    Voir le premier article sur la structuration du dossier médical

  • CMGF : Des données structurées pour avoir des tableaux de bord de son activité et participer à la recherche en médecine générale (1)

    Lors du CMGF des 23-25 mars derniers, le thème des données structurées a été abordé à plusieurs reprises.
    Lors de l’atelier de la Société Française de Médecine Générale sur la structuration du dossier médical  qui fait l'objet du présent article (1)
    ainsi qu’en session plénière sur « Le numérique au service de la santé » avec la présentation du projet P4DP (2)
    De quoi convaincre les médecins généralistes (et leurs éditeurs de logiciels) que le jeu du codage en vaut vraiment la chandelle (du pilotage de son cabinet et de la recherche en soins primaires)

    « La structuration des données, c’est un outil au service de notre discipline ». Pour la SFMG, société savante qui fête ses 50 ans en 2023, c’est une évidence depuis longtemps.
    Pour les médecins généralistes, beaucoup moins. Et pourtant, ils rencontrent déjà des données codées lorsqu’ils utilisent un logiciel d’aide à la prescription. Les bases de médicaments sont codées et elles font appel pour les contre-indications à certains éléments du dossier (allergies, grossesse, insuffisance rénale, etc.) préalablement codés par la CIM10 (classification internationale des maladies).et parfois la CISP (classification internationale des soins primaires), au fil de l’eau, de manière indolore.
    Les données peuvent également être structurées par des questionnaires ou des maquettes proposés par les logiciels mais cette structuration est souvent « propriétaire » et n’est pas facile à exploiter.
    Moyennant quoi, souligne la SFMG, la description d’un élément de santé dans sa globalité et dans la durée n’est pas toujours réalisable dans les Logiciels de gestion de cabinet (LGC) actuels.
    Dans sa version 3 qui arrive cette année2023, la CISP va permettre une meilleure description en offrant des outils. Et c’est dans cette optique la SFMG a développé le Dictionnaire des Résultats de Consultations (DRC) qui regroupe les cas, de fréquence régulière, qu'un médecin généraliste rencontre en moyenne au moins une fois par an. Il est mis à jour chaque année.
    L’ensemble des Résultats de consultation (RC) représente plus de 97% des situations cliniques prises en charge en médecine de premier recours et qu’un médecin généraliste rencontre au moins une fois par an.
    Ce n’est pas un codage mais sa structuration permet d’aligner la sélection d’un titre et de critères à un code CIM 10 et à un code CISP.
    Un certain nombre de logiciels l’ont intégré.*

    Vous aimez ces tableaux, vous allez adorer la structuration de vos données
    En dévoilant ces tableaux des problèmes de santé d'un patient et de leur suivi, les orateurs de la SFMG se sont taillés un beau succès aurprès des médecins généralistes présents : c'est ça que je veux dans mon logiciel !
    Plus qu'un long discours, ces tableaux synthétiques montrent combien les étapes de structuration sont précieuses pour la gestion des épisodes de soins et le suivi des patients appréhendés d'un seul coup d'oeil
     Aux éditeurs de travailler !
    De toute façon, la structuration des dossiers médicaux va être fortement encouragée par l’arrivée du projet P4DP (Platform for Data in Primary Care), le premier entrepôt de données de soins de la médecine de ville. 100% Français mais avec un sigle en anglais !
    (voir l'article suivant sur le P4DP)

    *Ont le label DRC : éO Médecin, éO MSP, WEDA, X-Med, Medistory
    Ont intégré, Chorus, HelloDoc, HyperMed, Medimust, Shaman, MAIDIS (en cours)
    Axisanté a intégré les RC mais sans les définitions, Cegedim santé serait intéressé et Doctolib n’a pas donné suite pour le moment

     

     

     

  • Swing : l’appli du remplacement clés en main

    Présentée pour la première fois au Congrès Médecine générale France (CMGF), l’application Swing lancée par la start-up montpellieraine du même nom prend en charge les remplacements, de la recherche jusqu’au paiement. Du clé en main les médecins généralistes et depuis le 20 juin pour toutes les spécialités. En trois mois, 1300 généralistes se sont inscrits sur la plate-forme

    C’est en effectuant lui-même des remplacements que le Dr Damien Pasquier, chirurgien urologue à Montpellier, s’est aperçu que la recherche et la gestion administrative d’un remplaçant restaient une opération chronophage pour le médecin.
    Et c’est ainsi qu’il s’est lancé il y a deux ans avec Thibault Delgery, infirmier coordinateur aujourd'hui DG de Swing, dans la réflexion puis la réalisation d’une application web et mobile capable d’une prise en charge globale du remplacement.
    Quelques levées de fond plus tard (BPI, Private Equity avec la participation de professionnels de santé, bourse French Tech), et bien sûr le savoir-faire technique de la société Gomera Wecoop, voici Swing pour iPhone et Android et sur le Web.

    Aucun abonnement, ni paiement à l’inscription, et une garantie pour le remplaçant

    Les principes sont simples :
    - Un espace remplacé où le médecin décrit avec des questionnaires, son profil (RPPS), les créneaux et dates de remplacement demandés, les équipements (dont le logiciel utilisé) et activités du cabinet, un argumentaire en texte libre, et le chiffre d’affaires estimé. L’urgence du remplacement. Et il crée une annonce qui va être renseignée automatiquement et sera supprimée dès son succès.
    - Le remplaçant crée lui aussi son profil : il s’identifie avec RPPS, photo éventuelle, diplômes (Thèse ou non), remplacements déjà effectués, il donne ses critères de recherche (localisation souhaitée, rémunération minimale, périodes de disponibilités, etc.).
    Sans évoquer le Matching comme sur le site docndoc, l’application rapproche les critères qui correspondent et le médecin à remplacer reçoit une ou des notifications qu’il peut accepter ou non. Lorsque la candidature est retenue, le contrat est formalisé par signature électronique (Docu Sign). Swing s’occupe de la rétrocession d’honoraires et prélève 8% de commission sur le chiffre d’affaires généré lors du remplacement (partenariat MangoPay). Le remplacé conserve 15% et le remplaçant touche 77%.
    Bien plus, en cas de baisse d’activités, Swing garantit au remplaçant 80% des 77% du CA estimé. Les médecins remplacés ne sont donc prélevés que si le remplacement a lieu et le service est gratuit pour tous les remplaçants. Les remplacements récurrents sont notés avec un pouce par les remplaçants !
    Trois mois plus tard après son lancement, 1300 médecins généralistes sont inscrits sur la plate-forme..
    Le déploiement pour les spécialistes est effectif depuis le 20 juin puis ce sera le tour des services hospitaliers.
    www.swingsante.fr            contact@swingsante.fr

    article mis à jour le 20 juin 2023

  • Doctovue, la première cabine d’ophtalmologie connectée installée à Evreux

    C’est à la Maison de la santé à  Evreux qu’a été installée en janvier dernier la première cabine Doctovue, cabine d’ophtalmologie connectée qui permet des bilans visuels à distance suivis par une téléconsultation avec un ophtalmologue.

    « Doctovue c’est la possibilité d’un rendez-vous rapide en téléconsultation associée à un bilan ophtalmologique complet » explique le Dr Etienne Gardea, ophtalmologue à Rouen et fondateur de la société Eyeneed qui commercialise la cabine Doctovue, conçue en Normandie.
    Eyeneed a été fondée en 2018 pour développer une plate-forme cloud de prise de rendez-vous auprès des ophtalmologues, des orthoptistes et des opticiens qui s’y abonnent et peuvent y échanger prescriptions et protocoles en mode sécurisé.
    Le projet Doctovue de cabine connectée a démarré en 2020 avec de nouveaux investisseurs pour aboutir à l’inauguration de la première cabine à la Maison de la Santé d’Evreux avec le soutien de la région Normandie en lien avec l’ARS, la CPAM 27, et les acteurs locaux de santé.
     Doctovue est en fait une cabine de préconsultation qui respecte le parcours de soins. Le patient, soit parce qu’il souffre de problèmes de vision, soit parce qu’il est envoyé par un médecin, prend un rendez-vous (créneau d’une demi-heure) sur le site doctovue.fr mais aussi grâce à deux bornes connectées qui font partie de l’installation. Aidé par un agent d’accueil, il s’installe à son arrivée dans la cabine et échange par vidéoconférence avec un orthoptiste (salarié de Doctovue) qui le guide pour la réalisation des examens médicaux.
    Une dizaine d’examens sont possibles en utilisant les quatre appareils présents*. Les résultats d’examen (bilan ophtalmologique complet : myopie, presbytie, hypermétropie, ordonnances lunettes, suivi pathologie, DMLA, etc.) sont ensuite envoyés en ligne à un ophtalmologue qui n’a plus qu’à les interpréter. Il peut aussi les télécharger sur son ordinateur du cabinet. C’est ce médecin spécialiste qui  propose une téléconsultation au patient et si une pathologie est découverte, une consultation à son cabinet. Il facturera l’acte, incluant les examens. Le patient reçoit une feuille de soins et une note d’honoraire.

    Doctovue collabore donc avec des ophtalmologues qui exerce sur le même territoire que la cabine installée (ils sont trois autour d’Evreux). Pour le spécialiste, c’est un gain de temps . Sur son créneau de téléconsultation (2h), il « examine » 10 à 12 patients. La plate-forme reçoit une rétribution à chaque acte. Pour les patients, c’est moins de déplacement et un rendez-vous plus rapidement.
    Depuis le 11 janvier, explique à Buzz Médecin, Benoit Sourdon, directeur général d’Eyeneed, Doctovue a réalisé 187 bilans sur un mois (sur une capacité de 260) et 15% de pathologies ont été détectées.
    Doctovue a d’autres installations en projet,  toujours dans des lieux publics ou des structures de santé. Toujours avec la participation des collectivités et de la région pour financer l’achat de la cabine (166 000 euros HT + contrat de maintenance)

    https://doctovue.fr/ophtas pour les spécialistes intéressés 

    *instrument de diagnostic ophtalmologique Luneau VX650, système de réfraction binoculaire dynamique Luneau Eyerefract, afficheur de test à polarisation linéaire Luneau VX25 Space saving chart, frontofocomètre Luneau VX40 Fronto autowavefront ,

  • MedinTechs, CMGF, AvecSanté : les congrès et salons du mois de Mars

    Le mois de mars est particulièrement riche en événements e-santé et congrès médicaux . Rapide tour d’horizon de ce qui concerne la santé numérique.

    Après un lancement très réussi l’an dernier, la 2e édition de MedinTechs , salon de l’innovation médicale se tient les 13 et 14 mars au Parc Floral à Vincennes. Toujours la même ambition : réunir l’écosystème de santé, les experts, les nouvelles technologies et les citoyens autour de ce qui nous fera vivre plus longtemps en bonne santé. Deux cents acteurs sont pressentis tant dans les conférences que dans les villages : prévention, urgences, innovation chirurgicale et interventionnelle, cybersécurité, emploi, tiers lieux d’expérimentation. Démonstrations et manipulations pour les visiteurs. Les professionnels de santé seront spécialement intéressés par la conférence sur la prévention : « une prévention efficace est-elle possible ? » avec le Dr Alain Toledano, président de l’Institut Raphaël ainsi que par la table ronde présidée par le Pr Gérard Friedlander, délégué général de la Fondation université Paris Cité sur l’intelligence artificielle en santé, explorant notamment le champ d’applications à la santé mentale.
    Inscription gratuite sur https://www.medintechs.com

    Les 17 et 18 mars, le Palais du Grand Large de Saint Malo accueille les rencontres AVEC les équipes, le congrès des équipes de soins et des MSP qui ont toujours le vent en poupe (AVEC comme AVenir des Equipes Coordonnées). Le ministre François Braun et le directeur de la CNAM Thomas Fatôme font le déplacement pour des plénières animées. Les éditeurs de logiciels labellisés MSP sont presque tous présents. Et on note parmi les conférences au choix du samedi matin, le thème du système d’information avec les paramédicaux, un sujet au cœur de l’organisation des structures pluridisciplinaires.
    Inscription sur https://www.aveclesequipes.fr

    Enfin du 23 au 25 mars, c’est le 16e CMGF (Congrès Médecine générale France) organisé par le Collège de la médecine générale. Un congrès de formation pour les généralistes (prise en charge FAF PM) accompagné d’un grand nombre de stands d’exposants. Nombreuses thématiques dont « Intérêt du numérique en médecine générale » que Buzz Médecin va suivre tout spécialement. Outre les institutionnels, les visiteurs retrouveront sur les stands les éditeurs de logiciels et de solutions d’agenda ou de facturation en ligne. https://www.congresmg.fr

    Bons congrès !

  • Feu vert pour la télésurveillance médicale remboursée

    Avec la publication le 31 décembre au Journal Officiel de deux décrets, la télésurveillance entre dans le droit commun et l’expérimentation ETAPES prend fin au 1er juillet 2023. La télésurveillance sera donc remboursée sous certaines conditions. Mais les tarifs ne sont pas encore fixés. Encore en discussions, ils feront l’objet d’un arrêté ultérieur.

    Dans quelques mois, les médecins pourront prescrire de la télésurveillance à certains patients pour une durée de six mois renouvelables. Et ce sera pris en charge par l’assurance maladie en droit commun. La France devenant ainsi, comme la note la Haute Autorité de Santé (HAS) dans un communiqué, « le premier pays à rembourser, hors expérimentation, les solutions de télésurveillance médicales qui apportent un bénéfice clinique ou améliorent l’organisation des soins ».
    Tout cela bien évidemment sous certaines conditions.

    Que disent les décrets ?

    Ces décrets dont le principe de publication était inscrit dans le PLFSS 2022 (article 36) paraissent avec un peu de retard pour prendre la suite du programme ETAPES (Expérimentations de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé) qui a permis de pratiquer depuis 2018 la télésurveillance de quelque 150 000 patients souffrant de pathologies chroniques ( 25 000 environ en insuffisance cardiaque, respiratoire ou rénale et diabète) et porteurs de prothèses cardiaques (la majorité). Une centaine de projets sont en cours sur l’ensemble du territoire. Cette phase de prise en charge s’arrêtera le 1er juillet prochain 2023.
    Le premier décret porte sur les modalités d’évaluation et d’inscription au remboursement.
    Le second détaille la déclaration des activités de télésurveillance des équipes soignantes aux ARS (Agences régionales de santé).
    L’évaluation sera du ressort de la Commission d’évaluation des dispositifs médicaux et technologies de santé de la HAS, la CNEMDITS, qui se prononcera sur les indications revendiquées par les entreprises. Les solutions doivent obligatoirement suivre les normes d’interopérabilité édictées par l’ANS (Agence du numérique en santé)

    Quel remboursement ?

    Un arrêté doit paraitre pour fixer les tarifs de prise en charge sous forme de forfait pour un semestre. Lors d’une réunion organisée par le SNITEM en décembre, on évoquait des propositions très en deçà des forfaits d’ETAPES et une clause de radiation en cas de solutions mieux disantes, ne donnant pas aux entreprises le temps de se mettre à niveau. Or la cinquantaine de sociétés qui se sont lancées sur le créneau de la télésurveillance à l’occasion d’ETAPES ont bâti leur modèle économique sur les crédits alloués pour les expérimentations à savoir un forfait de 300 euros/semestre et par patient.  Plusieurs associations de cardiologues et de patients s'inquiètent dans une lettre ouverte du 23 janvier d'une baisse des tarifs qui mettraient en difficultés les entreprises*.
    Pour les médecins opérateurs, le forfait ne devrait guère changer et rester autour de 110 euros/patient/semestre. Il existe en outre un forfait d’accompagnement thérapeutique de trois séances/semestre (60 euros/patient/semestre) qui pourrait relever des compétences des infirmières de pratique avancée (IPA) ou d’un médecin formé.
    Plusieurs études sont en cours pour continuer à évaluer les bénéfices de la télésurveillance. L’IRDES (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé) est à la tâche. L’oncologie, qui ne faisait pas partie d’ETAPES est sur les rangs avec de premiers résultats suggérant 15% d’hospitalisation en moins et une meilleure qualité de vie. Le patient se sentant mieux pris en charge, est moins inquiet, surtout après une hospitalisation. Il manque encore une reconnaissance de l’impact clinique.

    En pratique : une collaboration médecins-infirmières- plates formes et patients

    La télésurveillance permet, rappelons-le à un professionnel de santé d’interpréter à distance, en utilisant un dispositif numérique, les données recueillies au domicile du patient, afin d’améliorer sa prise en charge et sa qualité de vie. Elle concerne bien souvent des personnes qui ont besoin d’une période de suivi médicale après une sortie d’hospitalisation ou pour prévenir une hospitalisation. Les données sont transmises à des plates-formes dont les algorithmes déclenchent des alertes en cas de données anormales. Des infirmières gèrent les premières alertes et téléphonent aux patients. Les médecins sont prévenus et ont accès à toutes les données. Ces infirmières peuvent gérer jusqu’à 400 patients. Pour l’insuffisance cardiaque, par exemple, les soignants ont le temps de réagir. Il n’y a pas de risque médico-légal comme il peut y en avoir pour les infirmières de rythmologie à l’hôpital.
    On s’aperçoit que la réussite de la télésurveillance repose beaucoup sur la discipline du patient, qui apprend à devenir plus autonome et  sur celle de l’équipe de soins. C’est une sorte de contrat entre le médecin et le patient et une diminution du stress et de la charge mentale pour les deux.

    L’exemple de l’insuffisance cardiaque

    Ainsi lors des dernières Journées européennes de la Société française de cardiologie, on pouvait comparer plusieurs solutions de télésurveillance des insuffisants cardiaques visant à anticiper les décompensations . Ils seraient 1,5 million d’insuffisants cardiaques et seulement 11.000 en télésurveillance. Sont éligibles les patients en classe NYHA2 avec un taux de peptides natriurétiques élevé.
    Satelia, start-up bordelaise de 80 personnes dont 45 infirmières, a pris en charge 6500 patients répartis dans 250 centres, CH, clinique et cabinets de cardiologie. 500 praticiens enrôlés. Pas d’objet connecté mais une pesée une à quatre fois par semaine et un questionnaire. Soit le patient envoie un mail, soit il reçoit l’appel d’une infirmière qui recueille les mesures de poids et de tension et pose les questions. Ce qui permet d’inclure des patients peu à l’aise avec le numérique. 
    Chez Newcard, créé par des cardiologues et installée dans le Nord, la file active de 3000 patients reçoit une tablette, une balance et un tensiomètre connectés. Les données sont transmises quotidiennement. Viatris a également misé sur les objets connectés pour sa solution « Opti Soins » , 30 variables surveillables et 1000 patients iclus.
    L’ensemble des données est transmis à une plate-forme avec un algorithme qui déclenche des alertes si besoin. Au cours du suivi, le praticien reçoit des notifications des évènements médicaux et peut accéder à l’ensemble des données de la plate-forme.
    A la télésurveillance peut s’ajouter le télé soin, avec par exemple une diététicienne qui appelle le patient.
    La télésurveillance est prescrite sur une ordonnance simple avec un nom d' industriel par un médecin hospitalier à la sortie de l’hospitalisation ou par un cabinet de ville
    La télésurveillance en cardiologie 
    En savoir plus sur ETAPES

    * Voir l'article de TIC Santé au sujet de cette lettre

  • Forfait structure 2022 : déclaration des indicateurs avant le 10 février 2023

    Tandis que la campagne de déclaration 2022 des indicateurs du forfait structure s’est ouverte le 10 janvier et jusqu’au 10 février, les négociations conventionnelles en cours pour 2024-27 dévoilent des propositions de la CNAM qui risquent de complexifier le dispositif 

    La campagne de déclaration des indicateurs du Forfait structure a démarré et se poursuit jusqu’au 10 février. Rappelons qu’en 2021, 73 626 médecins étaient engagés dans le dispositif et qu’ils ont touché en moyenne 3946 euros.
    La bonne nouvelle , c’est qu’en 2022, la participation à un exercice coordonné est optionnelle pour toucher le forfait structure. La mauvaise, c’est que cette obligation revient en 2024 (et sans doute en 2023). CPTS quand tu nous tiens…
    Il  n'y a donc pratiquement pas de changements dans la déclaration par rapport à l’an dernier puisque l’obligation d’être équipé d’un logiciel référencé Ségur ne s’applique que sur l’année 2023. Pour vous aider, vous pouvez consulter la rubrique Forfait structure du site Buzz Médecin ou le guide de l’Assurance Maladie en libre accès sur le site Ameli.
    Ce qui change, c’est la partie du forfait axé sur l’utilisation des téléservices pour laquelle vous n’avez rien à déclarer. On note un accroissement des points gagnés en contrepartie d’une plus forte utilisation de AAT (80% au lieu de 60), de PSE, de la DSG (déclaration simplifiée de grossesse) etc. Cette tendance utilisation du numérique en santé se confirme dans les propositions de la CNAM dévoilées lors des négociations en cours.

    Un forfait numérique à partir de 2024

    Jouant la transparence des négos, la FMF livre sur son site, les tableaux concernant les nouveaux forfaits présentés par Thomas Fatome lors de la séance de négociations bilatérale du 12 janvier.
    Le forfait structure est rebaptisé forfait numérique. Il toujours découpé en deux volets, volet 1 socle avec en plus le recours aux téléservices DMT et AAT (à 90%), et le volet 2 centré sur la connexion DMP, la réalisation de VSM (100% pour les ALD en 2024), l’usage de la messagerie sécurisée pour des échanges avec le patient, l’usage de l’appli CV, la réalisation d’ordonnance électronique et l’utilisation des téléservices tels que PSE (protocole de soins), DSG, SPE (pour les transports), etc. avec un taux croissant jusqu’en 2027. Ces taux d’usage sont souvent identiques en 2024 à ceux espérés en 2023, car la CNAM doit tenir compte des retards dans la mise en place de certains services. Aucun montant n’est indiqué. Tout cela va faire l’objet des négociations.
    Cependant, il est clair que le déclaratif va disparaitre, la CNAM disposant avec les logiciels Ségur des éléments nécessaires lui permettant de mesurer l’activité numérique des médecins. C’est à dire qui se connecte à quoi et combien de fois sur les services promus par les pouvoirs publics : téléservices, DMP, messagerie, etc.

    Les tableaux sur le site de la FMF 
    La campagne de déclaration sur le site Ameli

    Indicateurs-guide-declaration-forfait-structure-2022(1)

  • U-Scan, l’analyse d’urine connectée dans les toilettes

    Withings, leader français des objets connectés santé, présente au CES qui se tient depuis hier et jusqu’au 8 janvier à Las Vegas, un dispositif à installer sur le siège des toilettes pour une analyse d’urine quotidienne, connectée et non invasive.

    Il me semble me souvenir qu’à l’occasion de la Journée mondiale des toilettes qui a lieu chaque année le 19 novembre (c’est un important problème de santé publique dans toute une partie du monde) j’avais repéré, il y a quelques années déjà, un siège de toilettes capable d’analyser l’urine. Cela se passait au Japon, champion incontestable à l’époque des toilettes high-tech. C’était bien avant l’internet des objets…
    Donc l’idée reprise par Withings n’est pas neuve mais le dispositif imaginé qui a fait l’objet de 4 ans de développement et de 13 familles de brevets, est une innovation bien réelle.
    A partir d’un constat : on se soulage environ 7 fois par jour et on ne fait une analyse d’urine qu’une fois par an alors que ce liquide est riche de 3000 métabolites … De quoi en tirer toutes sortes d’enseignements sur notre alimentation, nos métabolismes, suivre certaines pathologies etc.

    L’urine est une mine.

    L’U-Scan se présente sous forme d’un galet qui va se placer sous le siège ( un peu à la manière d’un bloc désinfectant) et qui renferme des cartouches-biocapteurs polyvalentes, amovibles. L’urine s’écoule sur le galet et un échantillon est prélevée qui fait l’objet d’une analyse chimique en fonction de la cartouche installée.

    La cartouche tourne au fur et à mesure des analyses et assure 3 mois d’utilisation quotidienne. Les résultats sont transmis sur un smartphone via l’application Withings qui pilote l’analyse. Les données sont collectées de manière sécurisée et sont interprétées par l’application en fonction de ce qui est recherché. Et il n'y a plus qu'à tirer la chasse.

    De nombreuses applications médicales

    L’U-Scan sortira en Europe à la fin du premier semestre 2023 avec des cartouches « grand public » pour suivre son alimentation et obtenir des conseils. L’étape suivante s’adressera plus particulièrement aux professionnels de santé. Mais Withings est en train de développer des biocapteurs médicaux. Une étude clinique est par exemple en cours avec le Pr Marie Courbebaisse (Hôpital européen Georges Pompidou) pour le suivi de patients souffrant de lithiase urinaire. L’analyse quotidienne de l’acide urique pourrait permettre d’éviter les rechutes.

  • Téléconsultation : un flash sécurité de la HAS et une étude de la DREES

    La DREES (direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques ) du ministère de la santé publie une étude montrant qu’en 2021, 70% des téléconsultations en médecine générale ont été effectuées en milieu urbain. Tandis que La HAS attire l’attention des professionnels sur certains risques de retard diagnostic.

    Alors que l’on vante les bénéfices que la téléconsultation pourrait apporter dans les déserts médicaux, les chiffres, toujours aussi têtus, ont tendance à prouver que ce sont les jeunes urbains qui y ont le plus souvent recours !
    La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) vient en effet de publier une nouvelle étude sur les téléconsultations réalisées en 2020 et 2021, à partir des données de santé complétées de données d’enquête auprès de médecins généralistes. En prenant en compte la localisation des médecins et des patients la pratiquant et la distance médecin-patient observée lors des téléconsultations.
    En 2021, 9,4 millions de téléconsultations de médecine générale ont été réalisées chez un praticien libéral et 1,1 million dans les centres de santé. Rappelons que le pic a été atteint en 2020 au plus fort de la pandémie Covid avec 13,5 millions de consultations à distance.
    Les téléconsultations semblent donc s’être installées en tant que pratique pérenne des médecins généralistes libéraux, tout en restant relativement rares . Elles représentent 3,7 % de leur activité en 2021 (5,7 % en 2020) et sont redevenues moins nombreuses que les visites à domicile depuis la fin du premier confinement.

    Les médecins et les patients les plus jeunes et les plus urbains en tête des usagers

    La consultation à distance est plus fréquente chez les jeunes praticiens (4,8 % de l’activité des médecins généralistes libéraux de moins de 40 ans en 2021, contre 2,5 % de celle de leurs confrères de 65 ans ou plus). De même, en 2021, 45,2 % des téléconsultations de médecins généralistes libéraux sont réalisées avec des patients de 15 à 44 ans, contre 28,7 % des consultations en cabinet.
    Autre enseignement, c’est pour les médecins installés dans les territoires les plus urbains, et notamment à Paris et dans sa banlieue, que la pratique de la téléconsultation s’est le plus fortement développée. En Île-de-France, 7,8 % de l’activité des médecins généralistes libéraux correspond à des consultations à distance en 2021 (12,0 % à Paris et 7,2 % dans les banlieues du pôle urbain de Paris), contre 2,2 % dans les territoires ruraux hors outre-mer. Le constat est similaire du côté des patients : 69,4 % des téléconsultations sont réalisées pour des patients vivant dans les villes-centres ou les banlieues des grands pôles, où réside 56,9 % de la population. En comparaison, 17,9 % des consultations à distance s’adressent à des patients installés dans des territoires ruraux hors outre-mer, où réside 27,6 % de la population. Et ce n’est pas une question d’âge.
    Les téléconsultations ne sont pas particulièrement réalisées avec des patients résidant dans les zones les moins dotées en médecins généralistes : 23,3 % des téléconsultations sont faites avec les 20 % de la population les mieux dotés en médecins généralistes, tandis que 17,9 % sont réalisées avec les 20 % les moins bien dotés.
    Enfin, la plupart des téléconsultations sont effectuées à proximité du lieu de résidence du patient. Ainsi, pour 58,6 % des consultations à distance, le médecin exerce dans la commune de résidence du patient ou à moins de 5 kilomètres (contre 62,7 % des consultations en cabinet). En outre, la consultation à distance a majoritairement lieu avec le médecin traitant du patient. C’est le cas de 69,1 % des téléconsultations réalisées en 2021 par des médecins généralistes libéraux (contre 67,2 % des consultations en cabinet).

    La DREES se garde bien d’en tirer une conclusion. Mais Buzz Medecin pense tout simplement que les jeunes urbains courent après le temps et sont donc particulièrement intéressés par le côté pratique et rapide de ce mode de soins à distance, qui est comme le pendant du télétravail qu’ils sont de plus en plus nombreux à pratiquer…Ce qui ne veut pas dire que la téléconsultation ne va pas aussi jouer son rôle dans les déserts médicaux.

    L’avis des médecins

    Malgré un avis "relativement sévère" sur la téléconsultation (seuls 16 % se disent très ou tout à fait satisfaits, 38 % étant moyennement satisfaits), la moitié des médecins pensent continuer la téléconsultation après l’épidémie de Covid-19. Et un praticien sur trois estime que la téléconsultation peut constituer une solution de prise en charge des patients résidant dans des zones à faible densité médicale.

    Cette relative méfiance des médecins va se trouver confortée par le dernier Flash sécurité patient de la HAS consacré à la téléconsultation. Cette collection a pour objectif d’attirer l’attention des professionnels de santé sur certains risques en les aidant à les gérer. La HAS met ainsi l’accent sur trois situations où la téléconsultation peut générer un retard diagnostic dangereux : une appendicite, un abcès plantaire, une fistule urinaire. Il faut en téléconsultation avoir les mêmes exigences qu'en consultation.

    Télecharger le document de la DREES

    Télécharger le Flash sécurité de la HAS

  • 09 Déc 2022
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