Twitter E-mail
  • Jusqu’à 1 milliard d’économies grâce à la téléconsultation et la téléexpertise, selon une étude de l’institut Molinari

    C’est comme un cadeau d’étrennes pour les promoteurs de la téléconsultation et de la téléexpertise. L’étude publiée le 18 janvier par l’Institut économique Molinari*, un think tank libéral, s’efforce de chiffrer l’impact économique à attendre en France, du recours à la téléconsultation et à la téléexpertise organisée par le médecin généraliste. Verdict : plus d’un milliard d’économies !

    Pour arriver à cet impressionnant total, son auteur, l’économiste Pierre Bentata a cumulé toutes les économies possibles dans les différentes utilisations de la télémédecine en s’appuyant sur une sélection d’études internationales en santé publique et sur les données de l’Assurance maladie en France en 2019 (pour éviter les effets Covid de 2020) : 391 millions de consultations dont les 2/3 en médecine générale. En estimant que 10% des consultations de médecine générale pouvait facilement être remplacées par des téléconsultations, sans baisse de qualité pour les soins.

    Moins de frais de transports pour les patients : 293 millions d’euros

    La téléconsultation évite au patient de se déplacer. Il économise donc des tickets de transports en commun ou des frais d’essence s’il utilise sa voiture

    Réduction des consultations de spécialistes via la téléconsultation/téléexpertise par le généraliste : 467 millions d'euros

    Par une analyse de la littérature de santé publique, Pierre Bentata a estimé pour chaque spécialité, le taux de consultations, c’est-à-dire les actes les plus simples, qui pouvait être remplacées par une téléexpertise demandée par le généraliste, à partir d’une plate-forme permettant d’échanger avec le spécialiste. On observe en moyenne une baisse de 7,2% de consultations spécialisées.
    - En ophtalmologie, ORL et dermatologie, 10% des cas peuvent être traités sans nécessiter une auscultation directe du spécialiste.
    - En cardiologie, le recours à la téléconsultation réduit les procédures de tests et de suivis inutiles.
    - En orthopédie, endocrinologie et gastro-entérologie, le bénéfice se traduit par une prise en charge plus rapide, un retour en temps réel du spécialiste permettant d’ajuster un traitement approprié dès l’apparition des symptômes

    Economies réalisées aux urgences : 284 millions d’euros

    Sur les 21 millions de visites aux urgences, 6,7%, soit 1,4 million peuvent être évitées en proposant une téléconsultation, soit 162 millions d’économies.
    De même en radiologie, les actes en urgence se montent à 832 000 par an. Chaque téléexpertise représente 154 euros d’économie (transfert de patients) soit un total de 122 millions

    Ce qui nous fait un total de 1044 millions d’euros dont 750 millions à minima pour l’Assurance maladie.
    « Sans nuire à la qualité des soins » promet l’auteur.
    L’institut économique Molinari, qui est financé par ses membres (individus, entreprise et fondations) demande en conséquence une banalisation de la téléconsultation en supprimant leur plafonnement à 20% de l’activité globale d’un médecin (juillet 2021). Au motif que "cette décision n’a pas de rationalité économique "

     L’étude (44 pages) peut être téléchargée sur le site de l’Institut

  • Téléconsultations : 12 millions remboursées en dix mois et le 100% prolongé jusqu’au 31 juillet 2022

    Dans le contexte de la reprise épidémique, les députés ont approuvé le 29 décembre la prolongation de la prise en charge à 100% de la téléconsultation jusqu’au 31 juillet 2022. Au cours des dix premiers mois de 2021, 12 millions de téléconsultations ont été remboursées.

    Incluse dans projet de loi sur le pass vaccinal, qui vient d’être voté, la prolongation du remboursement à 100% des TC sera appréciée des médecins et des patients. L’absence de reste à charge pour les assurés simplifie la gestion des praticiens.
    Cette mesure provisoire, prise au printemps 2020, au plus fort de la crise épidémique, avait déjà été prolongée une fois jusqu’au 31 décembre 2021.
    Les actes réalisés en téléconsultation sont passés, rappelons le de 10.000 à 1 million par semaine lorsque les déplacements ont été très fortement restreints.
    Ces chiffres ont évidemment baissé mais la TC continue à être appréciée. Et de nouveaux services se développent pour les spécialités lorsqu'il est difficile de trouver un médecin (téléconsultation cardiologique par exemple).
    Selon la CNAM, 12 millions de consultations ont été remboursées entre janvier et octobre 2021.
    Par ailleurs l’avenant 9 signé pendant l’été facilite le recours à la téléconsultation, désormais entrée dans le droit commun.

    Voir la rubrique téléconsultation de Buzz Medecin

  • 2022 : une année décisive pour le numérique en santé

    Le 6ème Conseil du numérique en santé qui s’est tenu le jeudi 16 décembre a fait le bilan des six derniers mois de la Délégation du numérique en santé. L’ouverture de Mon Espace Santé qui débute en janvier par des envois de courriers/mails aux assurés sera la grande affaire de 2022 . L’assurance Maladie a déjà prévu une conférence de presse le 6 janvier et le ministère avec l’Agence du Numérique en santé vers la mi-janvier

    La Délégation du numérique en santé mise en place il y a 3 ans, fonctionne en mode projets avec enthousiasme et motivation avec une organisation assez atypique dans l’administration française. Ses cinq piliers : être positif et ouvert, agir, déterminé et pragmatique, proche du terrain, partager les informations et faire preuve de solidarité.
    De fait, on observe le décollage de projets longtemps embourbés comme le DMP ou la messagerie de santé sécurisée…
    Le mouvement et la présence de financement semblent avoir entraîner les administrations, les industriels, les établissements et même peut-être les professionnels de santé avec la promesse de rémunération à la clef.

    Ouverture progressive de Mon Espace Santé (MES)

    Que les professionnels de santé se rassurent, tous leurs patients ne vont pas débarquer le 3 janvier avec un espace santé ouvert à leur nom. Les ouvertures seront progressives.
    A partir de janvier, les assurés seront sollicités par mail ou par courrier pour leur annoncer l’ouverture automatique de Mon Espace santé dans les six semaines (sauf refus de leur part). Les créations automatiques débuteront en mars avec l’objectif de couvrir toute la France en juin.
    Les assurés trouveront le Dossier médical partagé qui sera composé de documents et le profil médical, un outil à leur disposition pour renseigner par eux-mêmes des mesures (poids, taille etc.) et des particularités tels qu'allergie, traitement etc. Ce profil sera exportable vers un professionnel de santé.
    Ceci en attente des VSM (volets de synthèse médicale) envoyés par le médecin traitant qui ne seront pas encore présents dans le DMP (l’avenant 9 prévoit, rappelons-le une rémunération pour les médecins).
    Le certificat SIDEP pour la vaccination anti-covid sera également disponible.
    La messagerie sécurisée commencera à être testée doucement pour mesurer l’appétence du public (et des professionnels) pour cette fonction.
    L’alimentation de MES par les professionnels de santé libéraux et surtout en établissement pour commencer, a fait l’objet de simulation mensuelle : de 50 documents envoyés à partir de janvier pour aboutir à 350 à partir de septembre. Soient les prescriptions, les comptes-rendus, les courriers, les parcours de soins simplifiés, les prises en charge et les accompagnements prévus à la sortie de l’hôpital. La phase pilote a été, rappelons, considérée comme réussie avec 364 888 docuements ajoutés dans les 3,4 millions de MES créés.
    Du côté des professionnels de santé, quatre services socles seront en place : l’accès au DMP, l’accès à la messagerie, l’intégration dans les dossiers , la portabilité des données avec les logiciels référencés Ségur.
    La messagerie pourra servir à envoyer des rappels ou des consignes des profils médicaux avant consultation, et après consultation ou hospitalisation, à envoyer des ordonnances et des documents thérapeutiques, des questionnaires de satisfaction.

    Le catalogue de services référencés

    Gratuits ou payants, émanant d’acteurs privés ou publics, ce sont des applications ou des sites Web dont la finalité est d’améliorer la santé. Trois thématiques : la santé, la prévention, le bien être. Certaines applications pourront envoyer des données dans le DMP si elles sont autorisées (comme cela se passe sur les iPhone). Sont déjà candidats, les plates-formes de prises de rendez-vous ou de téléconsultation, les bases de données de médicaments, etc.
    Une commission de référencement est en cours de constitution qui évaluera les services selon cinq critères : urbanisation (ergonomie et facilité d’emploi), interopérabilité, sécurité, éthique et conformité à la Loi Informatique et Libertés. La procédure est expliquée sur le site du GIE SESAM-Vitale

    Tout ce déploiement se fait, bien entendu, dans une démarche d’ « inclusion numérique ». A cette fin, 40 ambassadeurs bénévoles ont été formés et recrutés dans chaque région, France Service va recruter 4000 conseillers numériques. Toutes les administrations sont sollicitées.

  • Kinvent, la rééducation motivante et ludique

    Kinvent est devenu en quelques années, leader de la rééducation fonctionnelle en proposant aux praticiens des capteurs connectés et une application analysant les résultats des mesures. La start-up vient de lever 6 millions d'euros pour continuer son développement.

    En créant Kinvent en 2017 à Montpellier, Athanase Kollias, ingénieur en biomécanique, qui a lui-même pratiqué le sport de haut niveau (aviron), est parti de la constatation que les patients manquaient de motivation pour les séances de rééducation. En raison des exercices répétitifs et du peu de visibilité sur les progrès. Résultats : « 20% des séances de kiné sont annulées »

    Une application pour voir ses progrès

    D’où l’idée de motiver sportifs et patients en leur mettant sous les yeux leurs progrès de performance et en rendant les séances plus ludiques. Un groupe d’experts chirurgiens et une inspiration « fitness » vont inspirer le projet. Les appareils de mesure existants sont jugés peu pratiques et chronophages et donc utilisés par moins de 5% des professionnels. Qu’à cela ne tienne, Kinvent va développer ses propres capteurs qui sont fabriqués à Thessalonique (Athanase Kollias est d’origine grecque). Ces objets connectés communiquent avec une tablette qui va centraliser et analyser les différentes mesures grâce à des algorithmes.

     

     

     

     


    Kforce
    , c’est le nom de la plate-forme, apporte des données chiffrées au thérapeute et propose de nouveaux exercices. Le kinésithérapeute y trouve des protocoles déjà prêts mais peut paramétrer ses propres séances. « Le logiciel rend l’utilisation intuitive. Il n’y a pas besoin d’être spécialiste » Kforce propose jusqu’à 7 capteurs : quatre dynamomètres différents (de traction, pneumatique, de préhension mesurant la dynamique musculaire), un goniomètre électronique pour l’amplitudes des mouvements des principales articulations du corps, une plate-forme de force pour la posture et l’équilibre. Il est aujourd’hui prouvé que les capteurs augmentent la motivation des patients de 50 à 90% (étude d’IY Consulting) .

    Le succès ne se fait pas attendre à la grande satisfaction du fondateur et de ses investisseurs . En 4 ans, l’entreprise a conquis plus de 4000 professionnels (cliniques de rééducation, clubs de foot et de rugby..) et fait des bénéfices avec un chiffre d’affaires qui a triplé tous les ans.
    Sa nouvelle levée de fond de 6 millions d’euros début décembre, doit lui permettre de doubler ses effectifs (de 30 à 60 personnes), de mettre sur le marché trois nouveaux capteurs. Il est aussi question d’ouvrir deux nouveaux bureaux en Amérique du Sud et en Asie pour compléter ses implantations en Espagne (Barcelone) et aux Etats-Unis (New-York).
    Objectif : Renforcer le leadership de l’entreprise en rééducation fonctionnelle et en préparation physique des sportifs souvent enclins à minimiser leurs douleurs. Car le mieux c’est encore de prévenir les blessures.

    https://k-invent.com/fr/

    Le produit Kforce est vendu en pack de 2600 à 5890 euros selon le nombre de capteurs fournis. 4 au minimum. Le logiciel est gratuit en version basique. Licence Pro à partir de 28 euros/mois

  • Les professionnels de santé sont-ils prêts pour le Ségur du numérique en santé ?

     A l’approche de l’ouverture à tous les patients de Mon Espace Santé, Cegedim Santé a sorti les résultats d’une étude commandée à CSA (aout 2021) pour comprendre dans quelle mesure les professionnels de santé se sont appropriés les outils numériques dans le contexte de la pandémie Covid et évaluer leurs besoins d’accompagnement.

    Le sondage réalisé par CSA pour Cegedim Santé du 5 au 29 août 2021 auprès d'un échantillon représentatif de 140 professionnels de santé (70 médecins, 79 paramédicaux) en ligne * vient conforter ce qu’on savait ou pressentait déjà en matière d’équipement des professionnels de santé : 80% disposent d’un logiciel de gestion de cabinet et 97% l’utilisent , tous les jours pour 89%.
    Les agendas numériques et la prise de rendez-vous en ligne ont fait une percée spectaculaire ces dernières années : 61% en sont équipés (72% des moins de 39 ans) et 94% l’utilisent.
    51% se disent équipés d’une solution de téléconsultation et 63% ont déjà effectué des téléconsultations. Les utilisateurs réguliers (tous les jours) seraient 24%...Un espoir pour les plates-formes de téléconsultation qui estiment, rappelons-le à 20% le taux de téléconsultations susceptible d’assurer leur rentabilité…Et ce sont les plus de 60 ans qui seraient les plus équipés (52%) et donc plus enclins à éviter des déplacements à leur patientèle, parfois âgée elle aussi…
    Le télésoin a concerné 11% de l’échantillon total et 38% des paramédicaux.
    Les objets médicaux connectés pénètrent peu à peu : 32% se disent équipés et 73% s’en seraient servi. L’ensemble des professionnels interrogés se dit (90%) intéressé par le numérique en santé et 86% estime que c’est une avancée pour le médecin et pour le patient (95% de ceux qui travaillent en pluriprofessionnel) . L’appétence pour l’exercice pluriprofessionnelle ne faiblit pas : 46% des cabinets (hormis ceux des spécialistes) ont le désir de travailler en maison de santé dans les prochaines années. Après l’amélioration de la qualité du contenu médical, la première motivation est de gagner du temps (81%) mais ils ne sont que 44% à être « tout à fait convaincu » que le numérique permet effectivement d’en gagner. Simplifier les démarches administratives est une autre attente (79% et 86% des paramédicaux). L’amélioration de la coordination des soins et de la prise en charge, souvent vantée dans les projets numériques, n’intéresse que 16%.
    L’un des principaux freins à ce bel édifice reste à 81% (90% pour les paramédicaux) le manque d’interopérabilité des logiciels . L’importance de la sécurité et de la protection des donnés est citée par 95% des personnes interrogées . Elle fait même l’unanimité (99%) des paramédicaux.
    Reste aussi la question de la formation et de l’accompagnement ; dans les sondages les médecins répondent presque toujours en majorité qu’ils en manquent mais sur le terrain ils sont moins nombreux à prendre le temps de se former ! Alors que seuls 41% pensent être au niveau et 30% se sentent suffisamment accompagnés. On ne peut donc que se réjouir que le Ségur du numérique en santé ait mis l’accent sur l’accompagnement des médecins lorsqu’ils vont devoir adopter un logiciel référencé Ségur…

    *Enquête par questionnaire auto administré en ligne d’une durée de 10 minutes.

  • Synapse Medicine : la Medication intelligence entre dans les hôpitaux

    Synapse Medicine a annoncé à l’occasion de Santexpo un partenariat avec l’éditeur Dedalus France dont les logiciels sont présents dans 330 établissements publics (dont l’AP-HP) et privés. Ce qui va permettre à ces hôpitaux et cliniques l’accès à un module de conciliation médicamenteuse à la pointe de la technologie médicale.

    Il y a 4 ans, le Dr Clément Goehrs, médecin de santé publique, le Dr Louis Létinier, médecin pharmacologue et data scientist et un ingénieur, Bruno Thiao-layel fondaient Synapse Medicine avec le soutien de l’INSERM et du CHU de Bordeaux. « Notre but était d’agréger les données publiques sur le médicament (la base Thériaque, les données de la HAS, des outils comme DDI Predictor, etc.) déjà structurées mais éparses pour permettre l’analyse de l’ordonnance avec des algorithme pour lequel un brevet a été déposé en 2019". C’est la technologie « Medication Shield ».
    Objectifs : améliorer la pharmacovigilance, mieux sécuriser les essais cliniques et lutter contre l’automédication.
    Apportant une information fiable sur le médicament, la solution est utilisée par des dizaines de milliers de professionnels de santé et de patients. Après une première levée de fond en 2019, la start-up a pu annoncer une levée de fond de 7 millions d’euros en juillet 2020 . Elle compte aujourd’hui 50 personnes.
    Dopée par la pandémie, l’utilisation de Synapse a bénéficié de l’explosion de la téléconsultation, puisque plusieurs plates-formes (mais pas Doctolib) l’ont intégré. La start-up a aussitôt mis en place un site sur ses fonds propres sur l’usage des médicaments chez les malades Covid.
    Fin 2020, Synapse était choisi par l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) pour assurer la pharmacovigilance des vaccins contre la Covid)

    Différent du LAP (logiciel d’aide à la prescription)

    Même si Synapse LAP est inscrit depuis plusieurs mois sur la liste des LAP certifiés de la HAS, Clément Goerhs explique en quoi l’analyse de l’ordonnance est différente : « l’état clinique du patient doit bien sûr être présent et on ajoute le terrain (gériatrie, femme enceinte etc.) mais le système ne va afficher que les alertes graves et non les alertes passives qui gênent le médecin dans la rédaction de l’ordonnance". Le prescripteur trouvera les notifications dans l’onglet interaction. Synapse LAP est davantage personnalisé. Les effets indésirables se retrouvent dans le suivi de la prise de médicaments par le patient.
    Dans les établissements, le principal utilisateur est le pharmacien hospitalier dans le cadre de la conciliation médicamenteuse. « Nous avons un module propre à la conciliation qui permet de diminuer les erreurs de prescription par une vision exhaustive. C’est réservé aux patients lourds. »
    L’intégration (en cours) de Synapse dans les logiciels de Dedalus, ( DxCare, Orbis et Dopasys) présents dans 330 établissements va permettre de générer le document de conciliation, la lettre de plan de prise de médicaments et la lettre de liaison à destination du médecin traitant.
    « Nous apportons un juste niveau d’alerte avec un vrai rendu ergonomique. Nos algorithmes contiennent des guidelines mais ils apprennent de la vie réelle . Nous tendons à faire entrer les spécificités de prescription des services hospitaliers.» Synapse va donc travailler à inclure le livret thérapeutique de l’établissement.

    https://synapse-medicine.com
    Pour les professionnels de santé, version gratuite et version premium 19€/mois avec sauvegarde des ordonnances. Synapse est intégrée dans le logiciel Hypermed.

  • Cybersécurité : le CH d’Arles piraté cet été raconte son vécu

    Lors du colloque cybersécurité, en ligne et en présentiel organisé le 18 novembre par l’Agence du numérique en santé, la prestation de Rodrigue Alexander, directeur du CH d’Arles, piraté cet été, était riche d’enseignement. Un retour d’expérience inoubliable sur le vécu d’un établissement lors d’une attaque cyber.

    C’est presque toujours un week-end que ça arrive et de préférence en période de pont ou de congés… et ça n’a pas loupé.
    Rodrigue Alexander qui cumule la direction des finances, de l’activité et du système de l’information du CH d’Arles, n’oubliera jamais la nuit du dimanche au lundi 2 août 2021 lorsque l’informaticien d’astreinte l’appelle à 3h du matin. Il devait partir en vacances le lendemain. « Il y a une panne sur le logiciel du laboratoire. J’ai du mal à me connecter de chez moi. » Aussitôt, c’est le branle-bas de combat et l’application des procédures d’urgence : isoler et se déconnecter des établissements voisins.

    Procédure dégradée : retour au papier-crayon et débrouillardise

    Lundi, 8h du matin, il faut alerter le personnel qu’on passe en « procédure dégradée ».
    Comment prévenir 1200 personnes (moins quelques-uns en congé) alors que la messagerie de l’hôpital ne fonctionne plus ? On utilise le téléphone qui heureusement n’était pas encore en IP(ligne internet). Les annuaires, eux, sont sur l’intranet ; mais on découvre qu’une secrétaire en avait fait une copie papier ! Le message peut diffuser : « suite à un incident informatique », ne pas utiliser les postes informatiques même si ceux-ci semblent fonctionnels. Retour général au papier-crayon.
    Moyennant quoi, « nous arriverons à assurer tous les rendez-vous et les hospitalisations et toutes les opérations. »
    A 18h, premiers échanges avec le CERT Santé qui recense et traite les incidents et l‘ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) qui fournit la liste qualifiée des PRIS, prestataires de réponse aux incidents de sécurité qui pourront assister le CH. « Ce premier soir, j’ai vraiment eu peur de ne trouver personne un début août mais je finis par retenir la société Advens qui était disponible.»
    « Nous avons appliqué le plan de continuité d’activité que nous avions travaillé dans le cadre du programme Hop’en* . C’est alors qu’on se rend compte que ces financements obtenus avec des contraintes, c’est une bonne chose ! Nous mettons en place une cellule de crise avec des opérationnels directs et des réunions limitées à 30 mn. L’information technique est partagée et on arbitre en fonction des priorités. Ce n’est pas facile car tous les services s’estiment prioritaires ! Il est donc essentiel d’établir une cartographie explicative des réseaux qui explique bien l’interconnexion entre les postes ».
    A ce propos, penser à  couper du monde la hotline informatique pour qu’elle puisse travailler en paix.
    C’est le règne de la débrouillardise et du pragmatisme. On fait appel aux téléphones portables et aux PC des uns et des autres. Les familles se plaignent de ne pouvoir appeler leurs malades dans leurs chambres. On établit une cartographie des lits occupés de l’établissement qui est hébergé dans un cloud grand public avec des fiches navette.
    Pour le service d’imagerie, on prend un abonnement avec un taxi qui rapporte les cédéroms de radiologie à expertiser.
    On en retiendra qu’il vaut mieux diversifier l’hébergement des appareils sensibles. Les salaires seront bien virés mais sans les éléments variables… reportés plus tard.

    Scénario de l’attaque et leçons à tirer

    Le PRIS a reconstitué le scénario de l’attaque. Le compte d’un fournisseur a été piraté. Ce dernier pour contacter le CH passait par un VPN qui n’avait pas encore été complètement sécurisé. Ensuite le pirate disparait après avoir consulté différents comptes administratifs dont il a trouvé le code. Et il réapparait le 1er aout. Des données de santé de l’hôpital sont retrouvées aux Pays Bas . L’ampleur de l’attaque aurait pu être réduite avec une application plus ferme des règles d’hygiène informatique.
    Point positif d’un tel épisode : les consignes de sécurité passent beaucoup mieux auprès du personnel. L’adoption de nouveaux mots de passe de 12 caractères à changer tous les trois mots s’est fait sans récrimination…Plusieurs projets informatiques ont pris un coup d’accélérateur. 95% des utilisateurs ont aujourd’hui retrouvé un accès. Le GHT a montré son utilité en prêtant du matériel, en mettant à disposition des collègues d’autres établissements, en apportant l’assistance du RSSI et de son équipe. La bonne gestion de la communication est importante. S’il faut alerter les personnels des établissements voisins et communiquer en interne (en hybridant si besoin une messagerie grand public ), il ne faut pas évoquer d’emblée une cyberattaque, sujet médiatique par excellence qui suscite l’intérêt des journalistes. Mieux vaut ne pas avoir à les affronter tout de suite, mais plutôt quand on commence à maîtrises la situation.

    Le coût de la crise

    Assistance à maitrise d’ouvrage (AMOA) : 300 000 euros
    Deux ETP (équivalent temps plein) recrutés pour ressaisir sur la base des fichiers papiers les 43 000 actes effectués soit 200 jours de travail 20 000 euros plus 4000 séjours hospitaliers à recoder et les comptes rendus à remettre dans la base.
    A cela il faut ajouter un coût humain : l’épuisement des équipes qui avaient déjà fait face à l’épidémie Covid. Et prévoir une prime d’intéressement collectif pour soigner le moral.
    En conclusion, M. Alexander résume les messages clés du PRIS : bien expliquer qu’il n’y a pas de coupable mais que des victimes, que le déblocage du système informatique est une course de fond pas un sprint, qu’il n’y a pas de honte à avoir car les cyberattaques touchent même les mieux préparés. Depuis 2018, on recense une trentaine d’attaques réussies avec demande de rançon dans des structures de santé sur 310 incidents de sécurité déclarés dont le nombre est en constante augmentation.
    La crise à affronter ne ressemblera pas à ce que vous aurez imaginé mais vous êtes préparés, vous aurez des procédures à appliquer. Anticiper, c’est cyberbien !

    *Hop’en, programme Hopital numérique ouvert sur son environnement de la DGOS (direction générale de l’offre de soins) qui a retenu 1737 projets de financement dont 541 seront terminés en 2021.
    Bon à savoir
    Le Resah (réseau des acheteurs hospitaliers) a publié un guide pour se prémunir contre les cyberattaques 
    La rubrique cybersécurité du portail de l’ANS 
    Signaler un incident de cybersécurité sur le portail du ministère de la santé
     
    Contact avec le CERT Santé https://esante.gouv.fr/securite/cert-sante

  • Après une phase pilote réussie, l’ouverture à tous de Mon espace santé toujours prévue début 2022

    Par un communiqué en date du 17 novembre, l’Assurance maladie se félicite de la « réussite de la phase pilote » du déploiement de Mon espace santé dans 3 départements, soit 3,3 millions de personnes. La généralisation reste annoncée pour le début de 2022, sans précision de date.

    En Haute-Garonne, Loire-Atlantique et Somme, les assurés des CPAM, des caisses de la MSA (Mutualité sociale agricole) et de la MGEN (Education nationale) ont été contactés par mail et par courrier de la création automatique de Mon espace santé. 0,7% des usagers l’ont refusé.
    Plus de 3,3 millions de personnes ont donc aujourd’hui un profil Mon espace santé et plus de 160.000, soit 5%, l’ont déjà utilisé, passant environ 10 minutes en ligne lors de leur connexion.
    Une fois Mon espace santé activé, l'usager peut renseigner son profil médical : poids, taille, traitements éventuels, allergies et ajouter les documents médicaux qui lui semblent importants pour le suivi de sa santé.Cette première étape a permis « de tester techniquement le fonctionnement de la plate-forme » et son articulation avec les logiciels des professionnels de santé et des établissements de santé sur le terrain. Des utilisateurs pilotes et des associations de patients ont également réalisé des tests d’usage . Ces premiers retours ont entraîné quelques améliorations du service pour le rendre simple à comprendre et à utiliser. Un comité citoyen va contribuer aux règles de fonctionnement du service et à son déploiement national.

    Trente-quatre établissements et 27 professionnels de santé partenaires ont utilisé le service avec leurs patients. La messagerie sécurisée a servi pour préparer des admissions ou envoyer des conseils thérapeutiques.
    Comptes rendus d’hospitalisation et ordonnances de sortie ont été systématiquement mis à disposition dans le dossier médical de Mon espace santé (l’ex DMP), soit trois fois plus que d’habitude pour les établissements pilotes de Haute-Garonne.
    A terme, Mon espace santé comprendra quatre fonctionnalités : le dossier medical, la messagerie, un agenda de santé et un catalogue de services
    « La réussite de cette première étape (..) en termes de logistique, de technique, et d’accompagnement des usagers, conclut le communiqué, ouvre la voie vers la généralisation du service au début de l’année 2022. » Trois Français sur quatre sont favorables à la création automatique de Mon espace santé, selon une enquête de France Assos Santé en juillet.

  • Le groupe DL Software acquiert Sephira

    Le groupe DL Software qui regroupe 18 sociétés spécialisés dans les logiciels métiers annonce l’acquisition de Sephira, spécialisé dans la gestion des feuilles de soins des professionnels de santé.

    Une page se tourne pour Daniel Israël, le fondateur en 1998 au Mans, de Sephira et de son produit phare le terminal Intellio. Une belle réussite puisque Sephira, a réalisé plus de 13 M€ de chiffre d’affaires en 2020, et fait partie avec 26 000 clients des leaders du marché des solutions logicielles à destination des professionnels de santé libéraux : médecins généralistes, spécialistes, sages-femmes, paramédicaux et également des taxis conventionnés dans le transport sanitaire.
    Fondé en 2003, DL Software est quant à lui, le leader français des logiciels ERP spécialisés. ERP c’est-à-dire Enterprise Ressource Planning, un logiciel unique qui intègre plusieurs fonctions de gestion. Le groupe a réalisé en 2020 74 M€ de chiffre d’affaires, et va passer le cap des 150 M€ en 2021. DL Software regroupe 18 sociétés indépendantes et verticalisées adressant plus de 30 secteurs professionnels dont la santé, l’assurance, la distribution, l’immobilier, le BTP, le tourisme et le secteur public.

    Des PME autonomes dont le groupe sert à accélérer la croissance

    Pour le secteur Santé, DL Software proposait déjà Pyxistem, logiciel lui aussi de référence pour la télétransmission des FSE, intégré en marque blanche dans de nombreux logiciels médicaux.
    Mais pas de fusion à l'horizon. Soutenu depuis 2021 par le fonds TA Associates, très actif dans les investissements technologiques, DL Software conserve en effet ses PME autonomes et joue le rôle d’accélérateur de croissance.
    Sephira, devrait donc trouver des capacités supplémentaires pour mener à bien le virage stratégique amorcé en 2019 autour de la modernisation de ses produits : 
    - nouveaux services axés sur le cloud avec des solutions comme Intellio next et Ubinect
     - nouvelles offres verticales et horizontales co-conçues avec les startups de la e-santé comme la Téléconsultation sans abonnement
     -  nouvelle stratégie de développement de solutions autour du cabinet connecté et de l’interopérabilité au service des professionnels de santé et de la relation soignant-patient.
    Signe de cette modernisation transversale, un nouveau site web est déjà en ligne avec une nouvelle identité visuelle. La sortie de nouveaux développements est prévue dès cette fin d’année.
    La vente de Sephira vient s'ajouter à celles de Medimust à Cegedim et de Medistory à Pharmagest au cours des six derniers mois. Les derniers fondateurs pionniers du logiciel médical et/ou de la télétransmission sont en train de passer la main.

    Découvrir le site de Sephira

  • La Cour des comptes recommande d’accélérer l’utilisation de la e-prescription

    Dans son dernier rapport Sécurité Sociale 2021 rendu public le 5 octobre, la Cour des comptes tacle le retard pris par la France en matière de prescription électronique. Car la dématérialisation des prescriptions pourrait procurer des « gains d’efficience considérables à nos systèmes de santé et d’assurance maladie ».

    « De fortes attentes à l’égard de la dématérialisation des prescriptions, mais un développement encore limité en France », c’est l’intitulé du chapitre de 26 pages que la Cour des comptes consacre à la e-prescription dans son « rapport sur l’application des lois de financement de sécurité sociale » 2021. Qui est sorti opportunément au moment de la présentation du PLFSS 2022 et de ses importants investissements dans la transformation du système de santé et dont l’examen a débuté le 13 octobre à l’Assemblée nationale.

    En retard par rapport à nos voisins européens

    Il était temps d’accélérer sur l’e-prescription car la France affiche de 5 à 10 ans de retard par rapport à presque tous ses voisins européens : des solutions de dématérialisation des prescriptions de médicaments ont été déployées avec succès dès les années 2000 en Suède, au début des années 2010 au Royaume Uni, en Norvège et en Belgique, à partir de 2015 en Espagne et en Italie. En Allemagne, le dispositif deviendra obligatoire en janvier 2022. En 2017, 90% des prescriptions étaient dématérialisées en Espagne, en 2018, 85% en Italie, en novembre 2020, 97% en Angleterre.
    Cette dématérialisation concerne les médicaments mais aussi dans certains pays les dispositifs médicaux ainsi que les examens de biologie et de radiologie La remise au patient d’une copie papier reste la norme en Italie et au Royaume Uni. Tandis qu’en Belgique, l’obligation ne s’applique pas aux médecins de plus de 64 ans ! Et l’ordonnance papier reste valable en visite ou en cas de force majeure.
    En France, si les travaux ont débuté il y a presque 10 ans, les syndicats médicaux se sont longtemps opposés à la dématérialisation qui offrait à l’assurance maladie des données détaillés sur leurs ordonnances. Et il est vrai que la Cour des comptes souligne l’intérêt de ces informations inédites pour « affiner les actions de maîtrise médicalisée des dépenses »
    De même, la prescription dématérialisé des arrêts de travail, maladie et maternité, permet de mieux cerner les motifs.
    D’une façon générale, la dématérialisation « supprime certains risques d’irrégularités et de fraudes ».
    Les expérimentations ont démarré en 2017 pour les ordonnances et sont encore en cours avec impression d’un QR code sur l’assurance maladie et depuis 2019, enregistrement dans une base de l’assurance maladie à laquelle le médecin a accès. L’obligation de la e-prescription a été repoussée à 2024 par l’ordonnance du 18 novembre 2020 ( Voir l’article du blog ).
    Elle concerne les médicaments, les dispositifs médicaux, les actes d’auxiliaires médicaux et de biologie, la prescription d’un médecin à un autre dans le cadre du parcours de soins.
    Fin 2021, la dématérialisation des arrêts de travail devient en principe obligatoire. Mais le rapport souligne que le respect de l’échéance semble difficile en se basant sur le taux de dématérialisation spontané actuel !
    La CNAM doit ouvrir son téléservice de prescription des médicaments et des dispositifs médicaux d’ici la fin de 2021. Puis devrait étendre le dispositif aux prescriptions des actes des auxiliaires médicaux et des examens biologiques. On sait que CNAM prévoit en 2023, dans le cadre du forfait structure , l’attribution de 40 points aux médecins atteignant 50% de e-prescription et une aide aux éditeurs est également prévue, dans le cadre du référencement Ségur .
    « L’échéance de fin 2024 pourrait être atteinte mais sur un mode dégradé », estime la Cour des comptes, et en laissant de côté les bons de transports et une bonne partie des prescriptions hospitalières. En effet si les prescriptions d’origine hospitalière représentent une part croissante des ordonnances exécutées en vile( 22% en 2019) ainsi que des indemnités journalières maladie et maternité, plusieurs obstacles persistent dans les établissements dont l’authentification des PH prescripteurs avec la CPS, peu utilisée car ressentie comme une gêne dans la pratique.

    Nécessité du codage

    Le rapport insiste sur la nécessité d’une codification pour les médicaments en DCI (Dénomination commune internationale) et d’une codification internationale pour les dispositifs médicaux (EMDM) et les actes de biologie (Loinc).
    « Il est regrettable que la CNAM n’ait pas utilisé pour les expérimentations (-..) les standards et profils d’interopérabilité… »que « l’ANS lui avait recommandés »
    « En acceptant un large usage du texte libre » pour la prescription de la posologie, de la prise de médicaments et de la plupart des dispositifs médicaux, on renonce à une grande partie des apports possibles de la dématérialisation : efficience renforcée des dépenses et meilleure sécurisation de la chaîne de prescription et de facturation des prestations…
    D'où les trois recommandations portant sur la dématérialisation de tous les actes (arrêt de travail prescrit en établissement compris), l’utilisation des DCI et autres codages internationaux, la garantie du raccordement des systèmes d’information hospitaliers aux services de prescription dématérialisés mis en place par l’Assurance maladie.

    Si l’on en croit les « investissements massifs » actuellement consentis par le gouvernement en faveur de la santé numérique avec le Ségur de la santé numérique et la stratégie d’accélération Santé numérique annoncée dans le cadre des investissements d’avenir, ce ne sont pas les moyens qui devraient manquer. Mais comme toujours, il faut que les nouveaux services soient simples à utiliser et fassent gagner plutôt que perdre du temps pour qu'ils soient adoptés rapidement.