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16 Fév 2016

Trophées de la santé mobile et attentes des médecins (et de leur Ordre)

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 La santé mobile a depuis trois ans en France ses Trophées*, organisés par dmdSanté mais pénètre encore difficilement les cabinets médicaux. Au risque de laisser les médecins sur le bord de la route, derrière leurs patients. Pour guider ces médecins qui se trouvent à la croisée des chemins, à reprendre la main, le CNOM avait organisé le 16 février un débat sur « la santé dans la société de l’information et de la communication ». Essai de synthèse de diverses réflexions entendues ici et là.

Aux trophées de la Santé Mobile, le 8 février, il y avait aussi des ateliers et on a parlé économie de la santé connectée en constatant que les politiques avaient pris la mesure des enjeux et qu’il existait de nombreuses sources de financement des start-up. Restaient entière les questions de l’adoption de ces technologies et de leur usage au quotidien par les professionnels de santé et les patients. La validation et la mise en place des pilotes est trop lente comparé au temps de l’évolution technologique. On a ainsi appris incidemment lors du débat du CNOM qu’en région Rhône Alpes, 150 médecins allaient équiper leurs patients ayant des problèmes cardiaques avec balance, bracelet d’activité et tensiomètres connectés (projet Pascaline, Parcours de santé coordonné et accès à l’innovation numérique). Ceci dans le cadre des Territoire de Santé Numérique. Mais les appels d’offre sont encore en cours.

Les jeunes médecins confiants

Pourtant la prescription et la dispensation seraient en passe de devenir une réalité chez une partie des jeunes médecins et pharmaciens. Selon une enquête réalisée par le Lab eSanté en partenariat avec MedPics (site de partage de photos médicales), Le Moniteur des Pharmacies et Stagium*, 25% des jeunes médecins et dévoilée aux trophées, 29% des jeunes pharmaciens déclarent avoir déjà conseillé une application mobile ou un objet connecté de santé. Et surtout ils considèrent à 78% pour les médecins et à 84% pour les pharmaciens qu’à l’horizon 2020, ce sera monnaie courante. Eux mêmes équipés à 98-99% en smartphone et aussi en tablettes (77% des jeunes médecins et 59% des jeunes pharmaciens), ils sont utilisateurs d’application mobile de santé (à 94% chez les médecins et à 77% chez les pharmaciens). Toutefois les jeunes médecins utilisent plus leur mobile pour cherches de informations sur le web que les pharmaciens (86% contre 66%) et ceux ci sont en revanche plus utilisateurs de réseaux sociaux (63% contre 45%). Les jeunes médecins ont une vision plutôt positive de la santé connectée quant à l’amélioration de la relation avec les patients (44%).

Pour une application "souple" de la déontologie en matière d'information du public

Au CNOM, le Dr Jacques Lucas, rappelle que 70% des médecins pensent qu’il faut intégrer le numérique dans l’organisation des soins, et tout à son « devoir de pédagogie » il invite ses confrères à prescrire des apps. Pour le délégué général aux systèmes d’information en santé du CNOM, une partie du problème vient du fait que déontologiquement, le médecin est toujours sur le fil du rasoir dès lors qu’il fait de l’information au public car cela peut être envisagé comme de la pub indirecte. Or c’est bien le médecin qui est considéré par la société comme la première source fiable d’information santé. « Si les médecins ne prennent pas leur place légitime, elle sera prise par d’autres », renchérit Catherine Lenain, chargée de la déontologie à l’autorité de la régulation professionnelle de la publicité qui a plaidé pour un « droit souple » dans ce domaine.
Concrètement, l’Ordre s’est positionné auprès du ministre de la santé pour être co-constructeur, avec les patients d’ailleurs, du futur service public d’information en santé inscrit dans la loi de santé. Le CNOM avait organisé ce débat pour nourrir sa prochaine publication (avril) sur « les repères déontologiques concernant le médecin dans la société de l’information et de la communication ». Y intégrera –t-il aussi la parole du Dr Alain de Broca, auteur de « soigner au rythme des patients », venu jouer les philosophes et rappeler que les patients réclament d’abord de la relation humaine et qu’il faut éviter que « le numérique ne constitue un hygiaphone délétère ».

*Les Trophées ont récompensé My eReport, une manière très simple et très rapide de déclarer des effets indésirables, Novi-Chek de Roche Diabetes Care, Mon Coach Douleur de Takeda qui permet au patient cancéreux de communiquer à son médecin une synthèse de ses épisodes douloureux, e-pansement, réalisation d’un infirmier déjà récompensée mais qui continue à bien évoluer et fait l’unanimité. La balance Web Coach Pop de Terraillon et le tensiomètre iHealth Feel (BP 5) ont obtenu les Trophées objets connectés. Des valeurs sûres.

**Enquête auto-administré sur le web auprès de 545 jeunes médecins et pharmaciens de moins de 35 ans. Des médecins de la 4e année aux jeunes médecins remplaçants ou installés depuis moins de 5 ans, les pharmaciens titulaires depuis moins de 5 ans.

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