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09 Juil 2014

Depuis son départ de l’ASIP Santé le 30 novembre 2013, le Dr Jean-Yves Robin s’est donné le temps de la réflexion. Et en publie le fruit sous le titre « Santé, l’urgence numérique ».

« La France n’est pas inactive mais elle court sans cap ». Cette phrase à l’avant dernière page donne le ton du livre de Jean-Yves Robin, directeur de l’ASIP Santé pendant 5 ans (2008-2013) sur l’urgence des mesures à prendre pour faire de la France un leader de l’e-santé. Un livre ? Plutôt rédigé comme un rapport, celui qu’on ne lui a pas demandé et qu’il a voulu écrire même s’il relève que sur le sujet, le nombre d’écrits est « inversement proportionnel aux avancées observées ». La France a 20 ans de retard dans le développement de services numériques dans le domaine de la santé. A quelques mois de la discussion sur la loi de santé préparée par Marisol Touraine qui prétend donner ce cap par une Stratégie nationale de santé, le Dr Robin pense avoir repéré les leviers à actionner d’urgence. Les parlementaires feraient bien de le lire. Ce n’est pas le roman de l’été, on n’y trouve pas de révélations et pour tout dire, il donne parfois une impression de redites car la pensée de l’auteur revient sans cesse sur les mêmes failles du système, communes à la télémédecine, aux systèmes hospitaliers, à l’accès et à la production des données de santé et demain, si l’on n’y prend garde, à l’industrie des objets médicaux connectés. De fait, le sujet, complexe , de la e-santé est mal appréhendé par les politiques surfant sur les effets d’annonce et les traitements d’urgence des crises sanitaires.

Eparpillement des moyens et des initiatives

On imagine que le Dr Robin, passé par la médecine humanitaire, fondateur d’une entreprise spécialisée dans les réseaux de soins, habitué à l’action, pensait avoir les manettes quand il a pris la direction de l’ASIP Santé, avant de s’apercevoir que la CNAM (qui était aussi son bailleur de fond) ne trouvait d’intérêt qu’au développement de ses téléservices et pas du DMP*. On comprend qu’il s’est heurté très vite aux incohérences de la politique publique, aux rivalités des structures et au « millefeuille législatif illisible » tant pour les citoyens que pour les professionnels. L’éparpillement des moyens et des initiatives (surtout en région) est dénoncée d’un chapitre à l’autre : la DGS, 25 ARS et 5 agences sanitaires pour les alertes en santé publique ; les Finances + les Affaires sociales –Santé pour l’économie Santé Numérique et la Silver Economie ; la DGOS, les régions, les ARS, la DSS (direction de la Sécurité sociale) pour la télémédecine, 300 structures de HAD, etc.
Que faire ? Sachant que l’interventionnisme de l’Etat (il est pourtant nécessaire de réguler un système conçu avec un idéal de solidarité et d’égalité) convient mal au numérique qui se nourrit d’innovation et d’agilité. Les leviers identifiés se comptent par demi-douzaine à la fin de chaque chapitre. Nombre d’entre eux figurent déjà dans de précédents rapports. Mais c’est vrai qu’il serait plus efficace d’ adopter le NIR comme identifiant pour tous les patients du secteur sanitaire et médico-social, qu’un retour d’information vers les professionnels de santé (ainsi qu’une association économique) les inciteraient à produire des données médicales de qualité , qu’il serait temps de disposer d’annuaires fiables (Jean-Yves Robin égratigne au passage le RPPS) permettant un service public de renseignements fiables…

Sans attendre que la richesse de nos données soit exploitée ailleurs et nos politiques sanitaires dictées par les moteurs de recherche sur le Web…
Santé, l’urgence numérique. Faire de la France un leader de l’e-santé. L’Harmattan, 200 p, 21,50 €

*Quant au DMP, loin de le considérer comme un échec, il rappelle que la CNAM a supprimé son budget de déploiement en juin 2011 alors qu’il était techniquement prêt. Pour des raisons de pragmatisme, Jean-Yves Robin, ne voit comme seule solution, « nouvelle démission de l’Etat », de passer le DMP dans le champ de la CNAM (NDLR c’est ce qui a été décidé pour le DMP2) en espérant qu’elle ne laissera pas orpheline la messagerie MSSanté en cours de déploiement. Les deux projets devraient être, selon lui, impérativement intégrés dans les contrats d’objectifs des établissements de soins et dans le ROSP des médecins libéraux ainsi que dans les politiques régionales de santé.
 

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À propos de l’auteur


4 réponses à e-Santé : les recommandations du « livre-rapport » Robin
  1. Robin est maintenant bien au chaud chez OPEN HEALTH.
    APRES AVOIR CRACHE SUR L INDUSTRIE LE VOILA PRINCIPAL FOURNISSEUR DE DATA

  2. Bonjour,

    Il semble que le NIR devienne l’identifiant de santé prochainement. Chapitre II, Art. L. 1111-8-1

  3. Jean francois GrenierSSSssss 10 juillet 2014 at 16 h 02 min Répondre

    Désolant !!!

    comment cracher dans la soupe en 1 leçon !

  4. STUPEFIANT !!!
    la France doit être le seul pays ou quand on échoue, on n a même pas la dignité de se taire et on se permet de donner des leçons encore.

    de nombreuses « expérimentations  » ont eu lieu, généreusement financées
    -sans que l on sache exactement encore, ou est la liste des expérimentateurs et combien ont il reçu.
    -sans que l on puisse accéder comme dans toute expérimentation au protocole initial de tests qui engage les recherches effectives.
    -sans que l on n accède a des écrits sur les résultats obtenus.
    cela a dure de 2004 a 2013, soit près de 10 ans et a coute des centaines de millions d euros d argent public.
    pour quel résultats?
    400000 dmp quasi vides soit 1250 euros par dmp
    on dit que l outil était opérationnel, alors pourquoi les médecins n y ont ils vu aucune valeur ajoutée et se sont ils détournés de cet outil

    les rapports de la cour des comptes sont a cet égard édifiants.

    il eut été nécessaire de demander également un audit financier sur l usage de ces centaines de millions d euros d argent public par l igf par exemple.
    .
    il est par contre exact, que la cnamts n a pas manifeste d intérêt particulier pour cet outil et en a développe en parallèle d autres , alors que son dr général actuel a été l « inventeur ‘ du concept dmp au cabinet de mr douste blazy.
    ce « désintérêt » et les possibles retards de financement que signale jyr , ne proviennent ils pas de
    -l absence de croyance sur la faisabilité de ce type d outil, au demeurant très dangereux en raison de son impossible sécurisation car a 100% sur une base de données hyper centralisée et maj via internet , haut lieu du piratage international.
    -du constat de l absence d intérêts pour les médecins d un tel outil fort chronophage, et fait de bric et de broc dans son contenu (donc pas aussi opérationnel que l affirme jyr),. point qui n a pas pu échapper aux financeur qu’ était la cnamts

    -avoir exclu la cnamts de la mise au point de cet outil a été une grave erreur
    -avoir omis de demander aux soignants de terrain, d exprimer leurs besoins préalablement également.
    -avoir confie un projet de cet envergure a une petite structure de 120 personnes a l asip de qualifications informatiques insuffisantes également.
    -avoir choisi un hébergeur unique dans des conditions prêtant a débats aussi.

    pour autant doit on s en remettre entièrement a la cnamts pour relancer encore ce dmp , déjà n fois relance en vain?

    la réponse est clairement non .
    -la cnamts ne peut détenir tous les leviers du système de sante,
    -la cnamts est un organe exécutif des décisions politiques qui nécessitent effectivement un pilotage politique clair performant et comptable de l intérêt général.

    la cnamts doit
    -faire les outils en maitrise d œuvre et surement pas en étant, maitre d ouvrage ,maitre d œuvre et pilote. ce serait une faute politique et démocratique.

    quand au débat sur dossier personnel ou dossier partage, il est fondamental car il pose le problème du devenir du secret médical et de la propriété des données d un patient par lui même.
    prétendre que avec la e sante ceci est indispensable est faux, il existe d AUTRES solutions permettant d éviter ce choix liberticide.

    enfin rappelons que les techniques évoluent vite et que un projet conçu en 2000 ,non abouti en 2014 est un dinosaure technologique.
    aucune entreprise ne peut se permettre de travailler et de faire durer sans aboutir un projet sur une période aussi longue.

    mr robin devrait réfléchir aux concepts de modularités et d urbanisation par étapes et par briques de fonctionnalités dans la réussite de la mise en œuvre des grands projets informatiques .
    ds


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