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31 Mar 2014

Je ne sais pas si les montres connectées sont utiles aux coureurs de Marathon mais le suivi de l’actualité concernant les objets santé connectés et la santé mobile (ou mSanté) en général ainsi que leurs potentiels effets sur l’organisation des soins, s’apparente à une course de fond…Il paraît que 64% des Français (étude BVA-Syntec) espèrent voir se développer des objets connectés liés à la santé. Ceci explique peut-être cela.
En tout cas, les réunions succèdent aux colloques et on n’arrive plus à twitter partout.
Il y a les séquences « étonnement » devant les dernières ingéniosités vues aux rencontres M2M (machine to machine, de carte SIM à carte SIM) organisées par Orange pour et avec ses partenaires. Un prototype de stylo à insuline communicant de la société Keynae (il enregistre la dose et vous rappelle qu’il faut vous piquer..), la gélule thermomètre en continu e-Celsius et le patch e-Tact (qui mesure pendant un mois l’activité et la température) de la société Body Cap, le pilulier e-Box intelligent de Robotik technology, la montre d’urgence Transwatch… A tous, Orange peut apporter ses compétences pour gérer les données recueillies et développer des services sur sa plate forme M2M médicale avec un agrément Hébergeur de données de santé (HDS). Cela fait en effet 4 ans qu’Orange Healthcare, a lancé cette plate-forme, rappelle Benjamin Sarda. Son premier client a été Sorin, spécialiste des défibrillateurs implantables qui suit ainsi des dizaines de milliers de patients. Aujourd’hui, une vingtaine de clients utilisent les infrastructures d' Orange .« Une croissance à deux chiffres ».

Un plaisir d'utilisation

Il y a les problèmes de financement. Tout ce qui est prévention lorgne du coté des assureurs et des entreprises qui pourraient organiser des challenges de santé… C’est ce qui affleurait à la fin de la réunion organisée par le Think Tank Renaissance numérique sur le thème « Financer la santé à l’ère des objets connectés et du big data". La gestion du capital santé intéresse les assurances complémentaires (aller dans une salle de sport pourrait réduire vos cotisations?) mais aussi les entreprises.
Ce que montre l’émergence des objets connectés, c’est tout d’abord que des gens sont prêts à payer pour leur santé (mais pas pour se soigner). Est-ce que les dispositifs médicaux connectés (qui entrent dans un cadre réglementaire) et servent à la prise en charge de maladies chroniques finiront pas converger avec ceux que l’on achète soi-même pour préserver son bien être ? Probablement. L’ étude du Centre e-santé de Toulouse (sur 264 Personnes de plus de 65 ans), dévoilée à Télésanté 2014, montre que les seniors prêts à utiliser des objets connectés pour rester au domicile, en attendent un « plaisir d’utilisation ». « Les frontières entre données de forme et données de santé sont de plus en plus ténues » a estimé Nicolas Peju, directeur de la démocratie sanitaire de la communication et des affaires publiques à l’ARS d’Ile de France lors de la réunion de Renaissance numérique. Soulignant que cette prise en charge de sa santé par le citoyen repose aussi la question des inégalités.
Il y a les aspects réglementaires. Quelle confiance apporter à ses appareils « médicaux » que l’on achète sur les présentoirs des magasins d’électronique plus que dans les pharmacies ? Le marquage CE médical pour les dispositifs en est un des éléments (la législation européenne est d’ailleurs en pleine refonte). Bientôt ce sont les applications elles-mêmes qui feront l’objet d’un tel marquage, comme l’a rappelé le Guillaume Marchand, président de dmd Santé lors d’une conférence eSanté organisée par CCM Benchmark,  ce qui ouvre le champ à leur prescription voire leur remboursement et en tout cas à leur utilisation par les professionnels de santé dans un cadre réglementaire strict. Précurseur, l’application Diabeo (Insula hors de France) a reçu son marquage CE (class IIb) fin 2013. Cette app mobile assure un accompagnement thérapeutique et une aide à la décision pour la gestion du diabète en permettant aux patients diabétiques adultes de doser l’insuline. Rappelons qu’aux Etats-Unis, la FDA considère que la plate-forme applicative sur lequel s’exécute l’objet médical , est aussi un « device »…
Un fait semble certain et cela a été répété :  « les objets connectés autour des smartphones vont bouleverser » le monde des dispositifs médicaux ( Pr Laurent Degos aux premières Rencontres du progrès médical  organisées par le SNITEM, syndicat national de l’industrie des technologies médicales) , et vont bouleverser les organisations des soins avec un renouveau du suivi à distance à domicile. Le « smart » hôpital est en gestation. Quant aux médecins traitants, il semble (cf. étude du Centre eSanté de Toulouse déjà citée) que les patients les plébiscitent pour l’adoption des technologies pour le maintien à domicile. C’est à eux qu’ils font confiance. D’où la nécessité de sensibiliser les médecins traitants à ces questions. (Comment en trouveront-ils le temps, c'est encore une autre affaire ?) .
Car au bout du compte, ce qui affleure, chez les patients, c’est la crainte de voir remplacer l’aide humaine par la machine.

 

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