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04 Juil 2020

Plus d’un tiers des généralistes prêts à continuer la téléconsultation après la pandémie

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Le boom de la téléconsultation observé au plus fort de la pandémie de Covid19 n’était -il qu’un feu de paille ou a -t-il installé une tendance de fond ? Plusieurs enquêtes et les derniers chiffres énoncés par l’Assurance maladie lors d'un débat au e-congrès CMGF le 3 juillet, laissent penser que la TC est bien entrée dans les pratiques médicales du moins chez un tiers des médecins.

C’était, mais on ne le savait pas encore, la dernière prestation de Nicolas Revel en tant que directeur de l’Assurance maladie le 3 juillet au matin*(il est aujourd'hui directeur de cabinet du nouveau premier ministre Jean Castex). Plutôt satisfait d’avoir préparé le terrain à l’explosion des actes de TC passés de 10 000 /semaine en février 2020 jusqu’à 1 million pendant le confinement. « Fin juin nous en remboursons 500 000/semaine ». Le nombre de médecins utilisateurs est monté de 3 000 à 50 000, libéraux à 95%. En cette période de baisse d’activité, les TC ont représenté 20% des actes facturés.
L’autre motif de satisfaction de l’Assurance maladie, c’est d’observer que ces médecins, généralistes à 80% (soit 40 000) ont soigné à 80% des patients qu’ils connaissaient. « C’est la cible que nous voulions atteindre » même si l’obligation des 12 mois apparait sans doute trop restrictive.

1/3 des médecins continueront à faire des téléconsultations

Cette découverte de la téléconsultation par les médecins sera-t-elle durable ?
Un sondage réalisé le 21 avril auprès de 1000 praticiens utilisateurs de la consultation vidéo de Doctolib montre que 57% des médecins voient l’intérêt d’être rémunérés pour des tâches de post consultation ou de conseils au téléphone ou des échanges de mail, 45% y ont trouvé un moyen d’améliorer leur confort de travail en exerçant de chez eux à certaines heures et 36% d’améliorer la prévention et le suivi .

Pourtant, l’enquête en ligne réalisée la semaine du 10 Juin par l’hebdomadaire Le Généraliste dévoile que ce n’est pas la panacée, comme le souligne le directeur de la rédaction du journal, Christophe Gattuso.
95% des 700 répondants ont pratiqué la TC (jusqu’à 5 fois par jour) et dans leur ensemble, ils donnent 6,3/10 à la TC. Le satisfecit n’est pas complet. Les deux tiers ont constaté des erreurs ou un retard de diagnostic (6% souvent, 28,5% parfois et 37% de façon exceptionnelle). Après la période de pandémie, seul 34,4% se disent prêts à continuer 53,3% n’en referont pas.

Une pratique à encadrer

Côté Assurance maladie, dans le souci de ne pas briser ce bel élan, la prise en charge à 100% a été prolongée jusqu’à la fin de l’année, voire plus, en espérant que l’intégration du tiers payant dans les logiciels ne fasse bientôt plus l’exception.
Le Dr Paul Frappé, président du Collège de médecins générale, pense que ses confrères ont apprécié le maintien du lien en période de pandémie, la réduction des coûts de déplacement, l’immédiateté des réponses apportées. Dans certains cas, la téléconsultation permet en outre au patient d'exprimer plus facilement des problèmes délicats , psychologiques ou sexuels en particulier.
Mais il reste encore à apprivoiser ce nouveau lien très différent, à réfléchir à une nouvelle organisation du cabinet, à appréhender une nouvelle sémiologie clinique en l’absence de palpation. (Quelle confiance accorder aux mesures des appareils connectés ?).
Il faudra identifier plus finement les situations où la TC est à déconseiller et anticiper les échecs. Enfin, la multiplicité des plates-formes ne simplifie pas le choix des médecins ni celui des patients, qui peuvent être obligés de s’adapter à une interface par médecin ! « Il ne faut pas recommencer les mêmes erreurs qu’avec les logiciels et mettre en place un minimum de points de repère fixes et d’interopérabilité. » Sans compter le risque de dérégulation avec les plates-formes qui « salarient » des médecins. Les téléconsultations hors parcours de soins doivent rester l'exception.

Trois quarts des patients veulent continuer à téléconsulter

Et les patients qu'en disent-ils ?
Un sondage CSA en ligne mené pour la plage-forme Maiia auprès de 800 Français de plus de 18 ans du 11 au 15 mai révèle que 367 ont eu recours à une TC au cours des 12 derniers mois.
73,6% de ces utilisateurs ont bien l’intention de continuer : la TC leur fait gagner du temps, trouver un RV plus rapidement et éviter les contaminations. 54,3% souhaitent donc que leur médecin traitant leur propose cette possibilité et 28% se disent prêts à changer de médecin pour cette raison ! Le renouvellement d’ordonnance est le premier motif (66,8%) puis le suivi après des examens médicaux (51,4%), le fait d’avoir une maladie contagieuse (44%), le suivi d’une maladie chronique (39,5%) et les problèmes psychologiques (33,8%). Les déserts médicaux ne représentent que 20%.
En découvrant eux aussi la téléconsultation, souvent à l’initiative de leur médecin, les patients y ont vu un moyen supplémentaire d’accès aux soins. Bien pratique.

Voir l’enquête du Généraliste

Voir la rubrique téléconsultation de Buzz Medecin (plus de 20 fiches)

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