Les professionnels de santé sont-ils prêts pour le Ségur du numérique en santé ?
A l’approche de l’ouverture à tous les patients de Mon Espace Santé, Cegedim Santé a sorti les résultats d’une étude commandée à CSA (aout 2021) pour comprendre dans quelle mesure les professionnels de santé se sont appropriés les outils numériques dans le contexte de la pandémie Covid et évaluer leurs besoins d’accompagnement.
Le sondage réalisé par CSA pour Cegedim Santé du 5 au 29 août 2021 auprès d'un échantillon représentatif de 140 professionnels de santé (70 médecins, 79 paramédicaux) en ligne * vient conforter ce qu’on savait ou pressentait déjà en matière d’équipement des professionnels de santé : 80% disposent d’un logiciel de gestion de cabinet et 97% l’utilisent , tous les jours pour 89%.
Les agendas numériques et la prise de rendez-vous en ligne ont fait une percée spectaculaire ces dernières années : 61% en sont équipés (72% des moins de 39 ans) et 94% l’utilisent.
51% se disent équipés d’une solution de téléconsultation et 63% ont déjà effectué des téléconsultations. Les utilisateurs réguliers (tous les jours) seraient 24%...Un espoir pour les plates-formes de téléconsultation qui estiment, rappelons-le à 20% le taux de téléconsultations susceptible d’assurer leur rentabilité…Et ce sont les plus de 60 ans qui seraient les plus équipés (52%) et donc plus enclins à éviter des déplacements à leur patientèle, parfois âgée elle aussi…
Le télésoin a concerné 11% de l’échantillon total et 38% des paramédicaux.
Les objets médicaux connectés pénètrent peu à peu : 32% se disent équipés et 73% s’en seraient servi. L’ensemble des professionnels interrogés se dit (90%) intéressé par le numérique en santé et 86% estime que c’est une avancée pour le médecin et pour le patient (95% de ceux qui travaillent en pluriprofessionnel) . L’appétence pour l’exercice pluriprofessionnelle ne faiblit pas : 46% des cabinets (hormis ceux des spécialistes) ont le désir de travailler en maison de santé dans les prochaines années. Après l’amélioration de la qualité du contenu médical, la première motivation est de gagner du temps (81%) mais ils ne sont que 44% à être « tout à fait convaincu » que le numérique permet effectivement d’en gagner. Simplifier les démarches administratives est une autre attente (79% et 86% des paramédicaux). L’amélioration de la coordination des soins et de la prise en charge, souvent vantée dans les projets numériques, n’intéresse que 16%.
L’un des principaux freins à ce bel édifice reste à 81% (90% pour les paramédicaux) le manque d’interopérabilité des logiciels . L’importance de la sécurité et de la protection des donnés est citée par 95% des personnes interrogées . Elle fait même l’unanimité (99%) des paramédicaux.
Reste aussi la question de la formation et de l’accompagnement ; dans les sondages les médecins répondent presque toujours en majorité qu’ils en manquent mais sur le terrain ils sont moins nombreux à prendre le temps de se former ! Alors que seuls 41% pensent être au niveau et 30% se sentent suffisamment accompagnés. On ne peut donc que se réjouir que le Ségur du numérique en santé ait mis l’accent sur l’accompagnement des médecins lorsqu’ils vont devoir adopter un logiciel référencé Ségur…*Enquête par questionnaire auto administré en ligne d’une durée de 10 minutes.
Synapse Medicine : la Medication intelligence entre dans les hôpitaux
Synapse Medicine a annoncé à l’occasion de Santexpo un partenariat avec l’éditeur Dedalus France dont les logiciels sont présents dans 330 établissements publics (dont l’AP-HP) et privés. Ce qui va permettre à ces hôpitaux et cliniques l’accès à un module de conciliation médicamenteuse à la pointe de la technologie médicale.
Il y a 4 ans, le Dr Clément Goehrs, médecin de santé publique, le Dr Louis Létinier, médecin pharmacologue et data scientist et un ingénieur, Bruno Thiao-layel fondaient Synapse Medicine avec le soutien de l’INSERM et du CHU de Bordeaux. « Notre but était d’agréger les données publiques sur le médicament (la base Thériaque, les données de la HAS, des outils comme DDI Predictor, etc.) déjà structurées mais éparses pour permettre l’analyse de l’ordonnance avec des algorithme pour lequel un brevet a été déposé en 2019". C’est la technologie « Medication Shield ».
Objectifs : améliorer la pharmacovigilance, mieux sécuriser les essais cliniques et lutter contre l’automédication.
Apportant une information fiable sur le médicament, la solution est utilisée par des dizaines de milliers de professionnels de santé et de patients. Après une première levée de fond en 2019, la start-up a pu annoncer une levée de fond de 7 millions d’euros en juillet 2020 . Elle compte aujourd’hui 50 personnes.
Dopée par la pandémie, l’utilisation de Synapse a bénéficié de l’explosion de la téléconsultation, puisque plusieurs plates-formes (mais pas Doctolib) l’ont intégré. La start-up a aussitôt mis en place un site sur ses fonds propres sur l’usage des médicaments chez les malades Covid.
Fin 2020, Synapse était choisi par l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) pour assurer la pharmacovigilance des vaccins contre la Covid)Différent du LAP (logiciel d’aide à la prescription)
Même si Synapse LAP est inscrit depuis plusieurs mois sur la liste des LAP certifiés de la HAS, Clément Goerhs explique en quoi l’analyse de l’ordonnance est différente : « l’état clinique du patient doit bien sûr être présent et on ajoute le terrain (gériatrie, femme enceinte etc.) mais le système ne va afficher que les alertes graves et non les alertes passives qui gênent le médecin dans la rédaction de l’ordonnance". Le prescripteur trouvera les notifications dans l’onglet interaction. Synapse LAP est davantage personnalisé. Les effets indésirables se retrouvent dans le suivi de la prise de médicaments par le patient.
Dans les établissements, le principal utilisateur est le pharmacien hospitalier dans le cadre de la conciliation médicamenteuse. « Nous avons un module propre à la conciliation qui permet de diminuer les erreurs de prescription par une vision exhaustive. C’est réservé aux patients lourds. »
L’intégration (en cours) de Synapse dans les logiciels de Dedalus, ( DxCare, Orbis et Dopasys) présents dans 330 établissements va permettre de générer le document de conciliation, la lettre de plan de prise de médicaments et la lettre de liaison à destination du médecin traitant.
« Nous apportons un juste niveau d’alerte avec un vrai rendu ergonomique. Nos algorithmes contiennent des guidelines mais ils apprennent de la vie réelle . Nous tendons à faire entrer les spécificités de prescription des services hospitaliers.» Synapse va donc travailler à inclure le livret thérapeutique de l’établissement.https://synapse-medicine.com
Pour les professionnels de santé, version gratuite et version premium 19€/mois avec sauvegarde des ordonnances. Synapse est intégrée dans le logiciel Hypermed.Cybersécurité : le CH d’Arles piraté cet été raconte son vécu
Lors du colloque cybersécurité, en ligne et en présentiel organisé le 18 novembre par l’Agence du numérique en santé, la prestation de Rodrigue Alexander, directeur du CH d’Arles, piraté cet été, était riche d’enseignement. Un retour d’expérience inoubliable sur le vécu d’un établissement lors d’une attaque cyber.
C’est presque toujours un week-end que ça arrive et de préférence en période de pont ou de congés… et ça n’a pas loupé.
Rodrigue Alexander qui cumule la direction des finances, de l’activité et du système de l’information du CH d’Arles, n’oubliera jamais la nuit du dimanche au lundi 2 août 2021 lorsque l’informaticien d’astreinte l’appelle à 3h du matin. Il devait partir en vacances le lendemain. « Il y a une panne sur le logiciel du laboratoire. J’ai du mal à me connecter de chez moi. » Aussitôt, c’est le branle-bas de combat et l’application des procédures d’urgence : isoler et se déconnecter des établissements voisins.Procédure dégradée : retour au papier-crayon et débrouillardise
Lundi, 8h du matin, il faut alerter le personnel qu’on passe en « procédure dégradée ».
Comment prévenir 1200 personnes (moins quelques-uns en congé) alors que la messagerie de l’hôpital ne fonctionne plus ? On utilise le téléphone qui heureusement n’était pas encore en IP(ligne internet). Les annuaires, eux, sont sur l’intranet ; mais on découvre qu’une secrétaire en avait fait une copie papier ! Le message peut diffuser : « suite à un incident informatique », ne pas utiliser les postes informatiques même si ceux-ci semblent fonctionnels. Retour général au papier-crayon.
Moyennant quoi, « nous arriverons à assurer tous les rendez-vous et les hospitalisations et toutes les opérations. »
A 18h, premiers échanges avec le CERT Santé qui recense et traite les incidents et l‘ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) qui fournit la liste qualifiée des PRIS, prestataires de réponse aux incidents de sécurité qui pourront assister le CH. « Ce premier soir, j’ai vraiment eu peur de ne trouver personne un début août mais je finis par retenir la société Advens qui était disponible.»
« Nous avons appliqué le plan de continuité d’activité que nous avions travaillé dans le cadre du programme Hop’en* . C’est alors qu’on se rend compte que ces financements obtenus avec des contraintes, c’est une bonne chose ! Nous mettons en place une cellule de crise avec des opérationnels directs et des réunions limitées à 30 mn. L’information technique est partagée et on arbitre en fonction des priorités. Ce n’est pas facile car tous les services s’estiment prioritaires ! Il est donc essentiel d’établir une cartographie explicative des réseaux qui explique bien l’interconnexion entre les postes ».
A ce propos, penser à couper du monde la hotline informatique pour qu’elle puisse travailler en paix.
C’est le règne de la débrouillardise et du pragmatisme. On fait appel aux téléphones portables et aux PC des uns et des autres. Les familles se plaignent de ne pouvoir appeler leurs malades dans leurs chambres. On établit une cartographie des lits occupés de l’établissement qui est hébergé dans un cloud grand public avec des fiches navette.
Pour le service d’imagerie, on prend un abonnement avec un taxi qui rapporte les cédéroms de radiologie à expertiser.
On en retiendra qu’il vaut mieux diversifier l’hébergement des appareils sensibles. Les salaires seront bien virés mais sans les éléments variables… reportés plus tard.Scénario de l’attaque et leçons à tirer
Le PRIS a reconstitué le scénario de l’attaque. Le compte d’un fournisseur a été piraté. Ce dernier pour contacter le CH passait par un VPN qui n’avait pas encore été complètement sécurisé. Ensuite le pirate disparait après avoir consulté différents comptes administratifs dont il a trouvé le code. Et il réapparait le 1er aout. Des données de santé de l’hôpital sont retrouvées aux Pays Bas . L’ampleur de l’attaque aurait pu être réduite avec une application plus ferme des règles d’hygiène informatique.
Point positif d’un tel épisode : les consignes de sécurité passent beaucoup mieux auprès du personnel. L’adoption de nouveaux mots de passe de 12 caractères à changer tous les trois mots s’est fait sans récrimination…Plusieurs projets informatiques ont pris un coup d’accélérateur. 95% des utilisateurs ont aujourd’hui retrouvé un accès. Le GHT a montré son utilité en prêtant du matériel, en mettant à disposition des collègues d’autres établissements, en apportant l’assistance du RSSI et de son équipe. La bonne gestion de la communication est importante. S’il faut alerter les personnels des établissements voisins et communiquer en interne (en hybridant si besoin une messagerie grand public ), il ne faut pas évoquer d’emblée une cyberattaque, sujet médiatique par excellence qui suscite l’intérêt des journalistes. Mieux vaut ne pas avoir à les affronter tout de suite, mais plutôt quand on commence à maîtrises la situation.Le coût de la crise
Assistance à maitrise d’ouvrage (AMOA) : 300 000 euros
Deux ETP (équivalent temps plein) recrutés pour ressaisir sur la base des fichiers papiers les 43 000 actes effectués soit 200 jours de travail 20 000 euros plus 4000 séjours hospitaliers à recoder et les comptes rendus à remettre dans la base.
A cela il faut ajouter un coût humain : l’épuisement des équipes qui avaient déjà fait face à l’épidémie Covid. Et prévoir une prime d’intéressement collectif pour soigner le moral.
En conclusion, M. Alexander résume les messages clés du PRIS : bien expliquer qu’il n’y a pas de coupable mais que des victimes, que le déblocage du système informatique est une course de fond pas un sprint, qu’il n’y a pas de honte à avoir car les cyberattaques touchent même les mieux préparés. Depuis 2018, on recense une trentaine d’attaques réussies avec demande de rançon dans des structures de santé sur 310 incidents de sécurité déclarés dont le nombre est en constante augmentation.
La crise à affronter ne ressemblera pas à ce que vous aurez imaginé mais vous êtes préparés, vous aurez des procédures à appliquer. Anticiper, c’est cyberbien !*Hop’en, programme Hopital numérique ouvert sur son environnement de la DGOS (direction générale de l’offre de soins) qui a retenu 1737 projets de financement dont 541 seront terminés en 2021.
Bon à savoir
Le Resah (réseau des acheteurs hospitaliers) a publié un guide pour se prémunir contre les cyberattaques
La rubrique cybersécurité du portail de l’ANS
Signaler un incident de cybersécurité sur le portail du ministère de la santé
Contact avec le CERT Santé https://esante.gouv.fr/securite/cert-santeAprès une phase pilote réussie, l’ouverture à tous de Mon espace santé toujours prévue début 2022
Par un communiqué en date du 17 novembre, l’Assurance maladie se félicite de la « réussite de la phase pilote » du déploiement de Mon espace santé dans 3 départements, soit 3,3 millions de personnes. La généralisation reste annoncée pour le début de 2022, sans précision de date.
En Haute-Garonne, Loire-Atlantique et Somme, les assurés des CPAM, des caisses de la MSA (Mutualité sociale agricole) et de la MGEN (Education nationale) ont été contactés par mail et par courrier de la création automatique de Mon espace santé. 0,7% des usagers l’ont refusé.
Plus de 3,3 millions de personnes ont donc aujourd’hui un profil Mon espace santé et plus de 160.000, soit 5%, l’ont déjà utilisé, passant environ 10 minutes en ligne lors de leur connexion.
Une fois Mon espace santé activé, l'usager peut renseigner son profil médical : poids, taille, traitements éventuels, allergies et ajouter les documents médicaux qui lui semblent importants pour le suivi de sa santé.Cette première étape a permis « de tester techniquement le fonctionnement de la plate-forme » et son articulation avec les logiciels des professionnels de santé et des établissements de santé sur le terrain. Des utilisateurs pilotes et des associations de patients ont également réalisé des tests d’usage . Ces premiers retours ont entraîné quelques améliorations du service pour le rendre simple à comprendre et à utiliser. Un comité citoyen va contribuer aux règles de fonctionnement du service et à son déploiement national.
Trente-quatre établissements et 27 professionnels de santé partenaires ont utilisé le service avec leurs patients. La messagerie sécurisée a servi pour préparer des admissions ou envoyer des conseils thérapeutiques.
Comptes rendus d’hospitalisation et ordonnances de sortie ont été systématiquement mis à disposition dans le dossier médical de Mon espace santé (l’ex DMP), soit trois fois plus que d’habitude pour les établissements pilotes de Haute-Garonne.
A terme, Mon espace santé comprendra quatre fonctionnalités : le dossier medical, la messagerie, un agenda de santé et un catalogue de services
« La réussite de cette première étape (..) en termes de logistique, de technique, et d’accompagnement des usagers, conclut le communiqué, ouvre la voie vers la généralisation du service au début de l’année 2022. » Trois Français sur quatre sont favorables à la création automatique de Mon espace santé, selon une enquête de France Assos Santé en juillet.Le groupe DL Software acquiert Sephira
Le groupe DL Software qui regroupe 18 sociétés spécialisés dans les logiciels métiers annonce l’acquisition de Sephira, spécialisé dans la gestion des feuilles de soins des professionnels de santé.
Une page se tourne pour Daniel Israël, le fondateur en 1998 au Mans, de Sephira et de son produit phare le terminal Intellio. Une belle réussite puisque Sephira, a réalisé plus de 13 M€ de chiffre d’affaires en 2020, et fait partie avec 26 000 clients des leaders du marché des solutions logicielles à destination des professionnels de santé libéraux : médecins généralistes, spécialistes, sages-femmes, paramédicaux et également des taxis conventionnés dans le transport sanitaire.
Fondé en 2003, DL Software est quant à lui, le leader français des logiciels ERP spécialisés. ERP c’est-à-dire Enterprise Ressource Planning, un logiciel unique qui intègre plusieurs fonctions de gestion. Le groupe a réalisé en 2020 74 M€ de chiffre d’affaires, et va passer le cap des 150 M€ en 2021. DL Software regroupe 18 sociétés indépendantes et verticalisées adressant plus de 30 secteurs professionnels dont la santé, l’assurance, la distribution, l’immobilier, le BTP, le tourisme et le secteur public.Des PME autonomes dont le groupe sert à accélérer la croissance
Pour le secteur Santé, DL Software proposait déjà Pyxistem, logiciel lui aussi de référence pour la télétransmission des FSE, intégré en marque blanche dans de nombreux logiciels médicaux.
Mais pas de fusion à l'horizon. Soutenu depuis 2021 par le fonds TA Associates, très actif dans les investissements technologiques, DL Software conserve en effet ses PME autonomes et joue le rôle d’accélérateur de croissance.
Sephira, devrait donc trouver des capacités supplémentaires pour mener à bien le virage stratégique amorcé en 2019 autour de la modernisation de ses produits :
- nouveaux services axés sur le cloud avec des solutions comme Intellio next et Ubinect
- nouvelles offres verticales et horizontales co-conçues avec les startups de la e-santé comme la Téléconsultation sans abonnement
- nouvelle stratégie de développement de solutions autour du cabinet connecté et de l’interopérabilité au service des professionnels de santé et de la relation soignant-patient.
Signe de cette modernisation transversale, un nouveau site web est déjà en ligne avec une nouvelle identité visuelle. La sortie de nouveaux développements est prévue dès cette fin d’année.
La vente de Sephira vient s'ajouter à celles de Medimust à Cegedim et de Medistory à Pharmagest au cours des six derniers mois. Les derniers fondateurs pionniers du logiciel médical et/ou de la télétransmission sont en train de passer la main.La Cour des comptes recommande d’accélérer l’utilisation de la e-prescription
Dans son dernier rapport Sécurité Sociale 2021 rendu public le 5 octobre, la Cour des comptes tacle le retard pris par la France en matière de prescription électronique. Car la dématérialisation des prescriptions pourrait procurer des « gains d’efficience considérables à nos systèmes de santé et d’assurance maladie ».
« De fortes attentes à l’égard de la dématérialisation des prescriptions, mais un développement encore limité en France », c’est l’intitulé du chapitre de 26 pages que la Cour des comptes consacre à la e-prescription dans son « rapport sur l’application des lois de financement de sécurité sociale » 2021. Qui est sorti opportunément au moment de la présentation du PLFSS 2022 et de ses importants investissements dans la transformation du système de santé et dont l’examen a débuté le 13 octobre à l’Assemblée nationale.
En retard par rapport à nos voisins européens
Il était temps d’accélérer sur l’e-prescription car la France affiche de 5 à 10 ans de retard par rapport à presque tous ses voisins européens : des solutions de dématérialisation des prescriptions de médicaments ont été déployées avec succès dès les années 2000 en Suède, au début des années 2010 au Royaume Uni, en Norvège et en Belgique, à partir de 2015 en Espagne et en Italie. En Allemagne, le dispositif deviendra obligatoire en janvier 2022. En 2017, 90% des prescriptions étaient dématérialisées en Espagne, en 2018, 85% en Italie, en novembre 2020, 97% en Angleterre.
Cette dématérialisation concerne les médicaments mais aussi dans certains pays les dispositifs médicaux ainsi que les examens de biologie et de radiologie La remise au patient d’une copie papier reste la norme en Italie et au Royaume Uni. Tandis qu’en Belgique, l’obligation ne s’applique pas aux médecins de plus de 64 ans ! Et l’ordonnance papier reste valable en visite ou en cas de force majeure.
En France, si les travaux ont débuté il y a presque 10 ans, les syndicats médicaux se sont longtemps opposés à la dématérialisation qui offrait à l’assurance maladie des données détaillés sur leurs ordonnances. Et il est vrai que la Cour des comptes souligne l’intérêt de ces informations inédites pour « affiner les actions de maîtrise médicalisée des dépenses »
De même, la prescription dématérialisé des arrêts de travail, maladie et maternité, permet de mieux cerner les motifs.
D’une façon générale, la dématérialisation « supprime certains risques d’irrégularités et de fraudes ».
Les expérimentations ont démarré en 2017 pour les ordonnances et sont encore en cours avec impression d’un QR code sur l’assurance maladie et depuis 2019, enregistrement dans une base de l’assurance maladie à laquelle le médecin a accès. L’obligation de la e-prescription a été repoussée à 2024 par l’ordonnance du 18 novembre 2020 ( Voir l’article du blog ).
Elle concerne les médicaments, les dispositifs médicaux, les actes d’auxiliaires médicaux et de biologie, la prescription d’un médecin à un autre dans le cadre du parcours de soins.
Fin 2021, la dématérialisation des arrêts de travail devient en principe obligatoire. Mais le rapport souligne que le respect de l’échéance semble difficile en se basant sur le taux de dématérialisation spontané actuel !
La CNAM doit ouvrir son téléservice de prescription des médicaments et des dispositifs médicaux d’ici la fin de 2021. Puis devrait étendre le dispositif aux prescriptions des actes des auxiliaires médicaux et des examens biologiques. On sait que CNAM prévoit en 2023, dans le cadre du forfait structure , l’attribution de 40 points aux médecins atteignant 50% de e-prescription et une aide aux éditeurs est également prévue, dans le cadre du référencement Ségur .
« L’échéance de fin 2024 pourrait être atteinte mais sur un mode dégradé », estime la Cour des comptes, et en laissant de côté les bons de transports et une bonne partie des prescriptions hospitalières. En effet si les prescriptions d’origine hospitalière représentent une part croissante des ordonnances exécutées en vile( 22% en 2019) ainsi que des indemnités journalières maladie et maternité, plusieurs obstacles persistent dans les établissements dont l’authentification des PH prescripteurs avec la CPS, peu utilisée car ressentie comme une gêne dans la pratique.Nécessité du codage
Le rapport insiste sur la nécessité d’une codification pour les médicaments en DCI (Dénomination commune internationale) et d’une codification internationale pour les dispositifs médicaux (EMDM) et les actes de biologie (Loinc).
« Il est regrettable que la CNAM n’ait pas utilisé pour les expérimentations (-..) les standards et profils d’interopérabilité… »que « l’ANS lui avait recommandés »
« En acceptant un large usage du texte libre » pour la prescription de la posologie, de la prise de médicaments et de la plupart des dispositifs médicaux, on renonce à une grande partie des apports possibles de la dématérialisation : efficience renforcée des dépenses et meilleure sécurisation de la chaîne de prescription et de facturation des prestations…
D'où les trois recommandations portant sur la dématérialisation de tous les actes (arrêt de travail prescrit en établissement compris), l’utilisation des DCI et autres codages internationaux, la garantie du raccordement des systèmes d’information hospitaliers aux services de prescription dématérialisés mis en place par l’Assurance maladie.Si l’on en croit les « investissements massifs » actuellement consentis par le gouvernement en faveur de la santé numérique avec le Ségur de la santé numérique et la stratégie d’accélération Santé numérique annoncée dans le cadre des investissements d’avenir, ce ne sont pas les moyens qui devraient manquer. Mais comme toujours, il faut que les nouveaux services soient simples à utiliser et fassent gagner plutôt que perdre du temps pour qu'ils soient adoptés rapidement.
Logiciels référencés Ségur : un financement est prévu pour les éditeurs sous condition d’usage
Au 31 décembre 2023, un médecin non équipé d’un logiciel « référencé Ségur » ne pourra plus en principe toucher le Forfait structure du nouvel avenant 9. Pour aider les éditeurs de logiciels santé dans cette évolution de leurs produits l’Etat a, pour la première fois, inscrit une ligne budgétaire du Ségur du numérique qui leur est destinée. Il s’agit de faciliter au maximum l’alimentation de Mon Espace Santé par les médecins. Francis Mambrini, président de la FEIMA, commente ces dispositifs pour Buzz Médecin.
Le Ségur du Numérique, ce sont deux milliards d’euros de financement à l’intention des professionnels de santé et des éditeurs de logiciels dans le but d’ « accélérer la modernisation, l’interopérabilité, la réversibilité, la convergence et la sécurité des systèmes d’information en santé ». 600 millions pour équiper le secteur médico-social et 1,4 milliard pour faire évoluer les professionnels de santé. C’est un peu le « quoiqu’il en coûte » pour assurer au passage le succès de Mon Espace Santé.
« A la FEIMA (Fédération des éditeurs , nous appelions depuis longtemps des leviers d’accélération du numérique en santé, souligne son président Francis Mambrini, c’est une incitation forte pour un choc de transformation ».
Pour le préparer tous les acteurs se sont mis sur la même ligne de départ dans une démarche transversale. Des groupes de travail conjoints ont été mis en place. Des dossiers de spécifications de référencement labellisation (DSL) ont été élaborés à destination des éditeurs de logiciels avec un parcours de référencement mis en place par l’Agence du numérique en santé (ANS), comme cela a été détaillé lors de la matinée e-santé organisée par l’ANS le 29 septembre.
Les logiciels référencés Ségur devront intégrer, rappelons-le, les services socles suivants :
- L’Identité nationale de Santé (INS)
- L’accès aux services numériques via la carte CS et l’application mobile e-CPS en basculant d’un outil à l’autre sans ré-identification
- La messagerie sécurisée de santé MSS
- Le DMP avec un Volet de Synthèse médicale (VSM) créé et mis à jour par les médecins
- L’application mobile carte Vitale (apCV)
- Le service e-prescription unifiée
Une partie de ces intégrations (l’INS, la e CPS, l’apCV par exemple) exige un agrément CNDA (Centre national d’agrément) qui est un préalable. Ensuite, un dossier de candidature de référencement au Ségur du numérique en santé peut commencer à être constitué. L’éligibilité sera vérifiée puis le candidat devra déposer le dossier et déposer les preuves qui seront validées. Ce n’est qu’à cette étape que l’éditeur fait une demande de financement. Il est prévu 430 euros TTC par médecin pour la prestation Ségur c’est-à-dire la mise à niveau du logiciel et l’accompagnement du médecin. Si la FEIMA semble satisfaite de cette contribution certains éditeurs ont plutôt tendance à penser qu’ils ne la demanderont pas. Car elle sera « très compliquée » à mettre en place puisque liée à des contrôles d’usage. « L’aide directe au médecin est la meilleure formule ».Contrôles à l’usage
L’objectif est d’améliorer les pratiques de professionnels de santé à leur profit et à celui des patients. « Il s’agit de mettre les PS dans une logique d’usage renforcé pour lequel ils reçoivent par ailleurs un financement à l’usage (voir l’article sur l’avenant 9) mais les éditeurs seront contrôlés sur l’usage effectif des produits ».
Le versement de la totalité de la prestation Ségur devra s’accompagner de l’envoi d’un certais nombre de documents vers le DMP, et vers des confrères via MSSanté pro ou/et dans un second temps, vers des patients via MSS patient, la « messagerie citoyenne. »
« L’éditeur est assujetti à des quotas d’usage et il sera très facile de contrôler le nombre d’échanges ». Tout le travail de l’éditeur passe par l’automatisation de ces envois : Volet de synthèse médicale automatisé et envoyé d’un clic dans le DMP, messagerie sécurisée MSSanté totalement intégrée y compris ensuite vers les patients dans Mon Espace Santé , etc.
Les médecins ont également des quotas d’usage pour gagner les points du forfait structure et du forfait VSM.
Pour aider les médecins à contrôler par eux mêmes et savoir où ils en sont des fameux quotas, les éditeurs ont préparé dans leurs logiciels des tableaux de bord qui existaient déjà pour la ROSP et vont s’enrichir des nouvelles exigences.
Pour les éditeurs, le compte à rebours « référencement Ségur » a en tout cas déjà commencé.MicroPort CRM, leader en France des pacemakers, sort Alizea, un stimulateur bluetooth
MicroPort CRM, société pionnière dans la gestion du rythme cardiaque, basée en France, vient de lancer une nouvelle gamme de stimulateurs cardiaques avec connectivité Bluetooth et télé-suivi simplifié sur un smart moniteur au domicile du patient. Rencontre avec son président Benoît Clinchamps.
Sur le marché mondial des stimulateurs cardiaques implantables ou pacemakers qui représente 1,3 millions d’unité par an, MicroPort CRM est le numéro 5 derrière les américains Medtronic, Abbott, Boston Scientific et l’allemand Biotronik. Mais occupe en France la position de leader avec 26% des parts de marché.
Benoît Clinchamps aime à situer sa place et à rappeler que MicroPort, spécialiste du CRM (Cardiac Rhythm Management), figure parmi les pionniers et que son siège est en France à Clamart où travaillent 400 personnes dont plus de la moitié en RD (recherche développement) sur les 1150 répartis dans le monde.
C’est en effet en 1964, qu’est fabriqué le premier stimulateur cardiaque ELA par Electronique Appliquée qui deviendra ELA Medical en 1976. Après un passage chez Sorin et LivaNova, la société reprend en main son destin en 2018 sous le nom de MicroPort CRM avec une gamme de pacemakers, défibrillateurs et resynchronisation (CRT) auxquels s’ajoutent holters, systèmes d’électrophysiologie et stents.La plus grande salle blanche d'Europe
A Clamart, la fierté de MicroPort CRM, c’est la plus grande salle blanche d’Europe. 2300 m2 dédiés à la fabrication de dispositifs médicaux (DM) implantables, soit plus de 70 000 pacemakers et défibrillateurs cardiaques par an. « Nous fabriquons en France tout ce qui est à l’intérieur du DM : logiciel, intelligence artificielle, circuits électroniques. Nos puces spécifiques à faible consommation d’énergie sont fabriquées en France ou en Europe. L’assemblage est confié à notre usine italienne, les sondes proviennent de notre installation en République Dominicaine et nous avons une usine à Shangaï pour le marché Chinois et la cardiologie interventionnelle". L’actionnaire majoritaire (MicroPort Scientific Corporation, spécialisé lui aussi dans le biomédical) est d’ailleurs aujourd’hui Chinois.
Mais la CRM, c’est en France. « Je ne vous cache pas que la crise Covid a retardé nombre d'opérations de chirurgie cardiaque, mais tout cela est derrière nous. Nos levées de fond, 90 millions d’euros en 2020, 128 millions en 2021, nous permettent de continuer à investir dans la recherche, à laquelle nous consacrons 25% de notre chiffre d’affaires et de rester en pointe. Nous avons les plus petits pacemakers du marché, les défibrillateurs qui présentent la plus longue longévité (jusqu’à 17 ans) et nous lançons Alizea avec la connectivité Bluetooth et un télé-suivi au domicile ».Un télé-suivi simplifié qui arrive à point nommé
Ayant fait ses preuves par des études médico-économiques, le télé-suivi des pacemakers implantés est en effet pris en charge (500 euros par implantation pour
l’industriel). La rémunération des professionnels de santé est acquise mais doit encore faire l’objet de textes à paraitre*. Le télé-suivi évite les déplacements à l’hôpital pour les visites de routine et le médecin reçoit des rapports réguliers avec des notifications pour les épisodes de fibrillation atriale et la détection des apnées du sommeil. Le terminal Android (taille téléphone mobile) dédié laissé chez le patient n’abrite qu’une seule application : sa prise en main est facile et la sécurité assurée.
MicroPort va également sortir prochainement un patch Holter connecté Bluetooth.
De quoi mettre en œuvre la solution Cardiologs dont la société est le distributeur exclusif pour la France. Un partenariat a été conclu en 2020 avec la start-up française du même nom. Il s’agit de la première solution d’analyse automatique en temps réel assisté par Intelligence artificielle des ECG de type Holter. C’est un gain de temps énorme pour le cardiologue face à plusieurs jours d’enregistrements. Une application smartphone est en cours de développement.
Dans les tuyaux encore, une sonde de stimulation cœur gauche miniaturisée, un pacemaker sans sonde, un défibrillateur sous-cutané.
Le portefeuille de 988 brevets va continuer à s’enrichir.*22 millions d’euros sont prévus au total dans le PLFSS 2022. Au delà des phases d’expérimentation qui seront poursuivies (programme Etapes), la télésurveillance doit entrer dans le droit commun pour certaines pathologies au plus tard le 1er juillet 2022.
www.crm.microport.comPharmagest rachète Medistory
Le Groupe Pharmagest, leader de solutions informatiques de Santé en Europe vient d’ annoncer l’acquisition de 100% de Prokov Editions, 3ème acteur du marché des logiciels médecin en France avec Medistory.
Prokov Editions* qui équipe en logiciels 13.000 utilisateurs médecins libéraux généralistes et spécialistes a trouvé son acquéreur. Thierry Kauffmann, son fondateur, aux commandes depuis 1987, cherchait un groupe qui ne soit pas un concurrent direct, même si Pharmagest a racheté en octobre 2019, ICT et son logiciel en ligne Chorus. Deuxième argument en faveur de Pharmagest, la proximité géographique : Nancy.
Pour le personnel de Prokov Editions (une vingtaine de personnes en tout) c’est très rassurant car « on se connait déjà, on est allé se former dans les mêmes écoles »… Pour le leader de l’édition de logiciels médicaux sur Mac mais également sur iPhone et iPad pour un travail en pleine mobilité, et pour ses utilisateurs, il n’y aura que donc peu de changement. D’autant plus que Thierry Kauffmann a prévu de rester encore deux ans pour fêter l’an prochain ses 35 ans avec Medistory.
La 4ème génération de ce logiciel, lancée en 2020, est actuellement en plein déploiement et 30% du parc a migré. MédiStory 4 qui répond déjà à la plupart des préconisations, a commencé le parcours de référencement du Ségur du Numérique en Santé.
Pour Pharmagest, l’acquisition de Prokov Editions vient compléter une offre diversifiée à l’intention de professionnels de santé. Elle devrait permettre des synergies entre tous les logiciels de son écosystème et ouvrir des facilités d’utilisation pour les professionnels de santé. L’intégration de cette nouvelle brique métier se concrétise par la prochaine création d’une Division qui regroupera tous les logiciels métiers dédiés aux Professions Libérales.
Commentant ce rachat, Thierry Kauffmann estime que « c’est une chance pour Prokov de pouvoir intégrer un groupe dans lequel il y a déjà une très grande transversalité entre les professionnels de santé. Nos expertises sont parfaitement complémentaires et vont nous permettre d’aller encore plus loin dans cette transversalité. »*Outre Medistory, Prokov édite Express Vitale pour la télétransmission, VigiPaiement pour le suivi des paiements ainsi que VigiCompta.
Comment l’avenant 9 veut favoriser l’essor du numérique en santé
L’arrêté du 22 septembre portant approbation de l'avenant 9 à la convention nationale, signé le 30 juillet dernier par trois syndicats ( mais pas le SML) est paru au JO du 25 septembre . Son article 4 intitulé
« Favoriser l’essor du numérique en santé » instaure un nouveau forfait concernant l’usage du DMP et de nouveaux indicateurs au sein du forfait structure. Tout cela applicable en 2022 et 2023. Mais avec le but de « préparer au mieux » l’arrivée en janvier 2022 de Mon Espace Santé. Tandis que l’article 3 ouvre plus largement la téléconsultation et la téléexpertise tout en les sécurisant (voir la rubrique de Buzz Medecin).On comprend que pour la CNAM, le temps soit désormais compté puisque c’est en janvier 2022 que doit s’ouvrir l’Espace Numérique de Santé (ENS) renommé « Mon Espace Santé ». La signature de l’avenant 9, apporte un cadre sécurisé et plus flexible à la télésanté et accompagne à court terme le déploiement du numérique en médecine de ville, comme l’a expliqué Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à l’organisation des soins lors du point presse mensuel de l’Assurance Maladie de Thomas Fatome, le 23 septembre. D’autres conventions sont déjà en négociation ou vont l’être prochainement avec les pharmaciens, les infirmières, les kinés, les maisons et pôles de santé, etc. La conviction partagée est aujourd’hui qu’il faut des outils simples d’utilisation, ergonomiques adaptés aux usages des professionnels et des patients, qu’il faut garantir la sécurisation des données transmises et la traçabilité des échanges et l’accès des citoyens à leurs propres données (c’est une des fonctions de Mon espace Santé). Les outils doivent être compatibles et interopérables entre eux.
Des logiciels référencés Ségur
Le Ségur de la Santé a permis dans son volet numérique, de dégager un financement pour les éditeurs de logiciels afin de favoriser l’équipement des médecins. Ce qui est rappelé dans l’avenant 9 même si cela ne faisait pas partie du cadre des négociations. Des groupes de travail conjoints ont été mis en place. Des dossiers de spécifications de référencement labellisation (DSL) ont été élaborés à destination des éditeurs de logiciels avec un parcours de référencement mis en place par l’Agence du numérique en santé (ANS).
Les logiciels référencés Ségur devront intégrer les services socles suivants :
- L’Identité nationale de Santé (INS)
- L’accès aux services numériques via la carte CS et l’application mobile e-CPS en basculant d(un outil à l’autre sans ré-identification
- La messagerie sécurisée de santé MSS
- Le DMP avec un Volet de Synthèse médicale (VSM) créé et mis à jour par les médecins
- L’application mobile carte Vitale (apCV)
- Le service e-prescription unifiéeA partir de 2022 de nouveaux financements pour favoriser les usages
L’alimentation du DMP est la condition majeure de la réussite de Mon Espace Santé. Et les médecins en sont la cheville ouvrière. Une aide financière pour ce surcroît de travail était réclamée par les syndicats depuis plusieurs années.
Un nouveau forfait « élaboration initiale du VSM » est prévu pour les inciter à remplir cette tâche. Dans un premier temps, il s’agit des patients ALD. Si le médecin a réalisé des VSM et les a versés dans le DMP de 50% de cette clientèle, il reçoit 1500 euros et 3000 euros si le taux atteint 90%. Ce forfait ne sera versé qu’une seule fois au cours du second semestre 2023 si l’objectif est atteint au plus tard le 30 juin 2023. Il sera majoré de 20% si plus d’un tiers des VSM sont structurés dans le format conforme au CI-SIS (Cadre d'Interopérabilité des Systèmes d'Information de Santé).
Le forfait structure évolue en mettant en place de nouveaux indicateurs valorisant l’alimentation du DMP, les échanges par MSS, la généralisation progressive de la e prescription et de la e carte Vitale, ainsi que l’utilisation de nouveaux téléservices comme le SPE (Service de prescription électronique de transport) et la DGS (Délégation simplifiée de grossesse).Pour le premier volet du Forfait Structure, celui dont les indicateurs sont des prérequis qui doivent être atteints pour déclencher la rémunération forfaitaire, plusieurs nouveautés . La rémunération va passer de 280 points (220-21) à 400 en 2222-23. Mais...
- En 2022 et 2023, il ne suffira plus d’avoir un logiciel compatible DMP; il faudra réaliser 20% des consultations en alimentant le DMP pour valider l’indicateur et gagner 40 points
- En 2022 et 2023, il ne suffira plus d’avoir une messagerie sécurisée de santé dans son logiciel; il faudra échanger par mail sécurisé avec un patient dans au moins 5% des consultations, pour gagner 40 points.
En 2023, l’arrivée de l’indicateur disposer d’un logiciel métier compatible DMP avec un LAP certifié HAS (version addendum 6PC/SC en 2021 et addendum 8 en 2022 avec app carte Vitale) devient « disposer d’un logiciel référencé Ségur avec LAP certifié HAS »Un volet 2 renforcé et complété
Les logiciels référencés Ségur intègrent la e-prescription et l’application carte Vitale ce qui donne lieu à l'introduction de deux nouveaux indicateurs dans le volet 2 :
- usage du service e-prescription. L’atteinte de 50% de e-prescription permet de valider l’indicateur qui vaut 40 points
- usage de l’application carte Vitale. L’atteinte de 5% des FSE réalisées avec l’app carte Vitale permet de valider l’indicateur qui vaut 40 points Comme précédemment pour les téléservices, les points ne sont perçus qu’à partir d’un certain taux (progressif) d’usage, soit jusqu’à 110 points en 2023.
La rubrique Forfait structure de Buzz Medecin reprend tous les tableaux élaborés par la CNAM.
Au total, un médecin qui coche toutes les cases pourra toucher en 2023-24 jusqu’à 13 925 euros pour sa contribution à la coordination des soins et au succès de l’Espace numérique en santé. Un marathonien des points ! Et à condition que ses patients prennent également le train du numérique en santé…Reste aux uns et aux autres, patients et médecins à vérifier si les outils sont aussi "simples d’utilisation, ergonomiques et adaptés aux usages" que promis.
Ce sera la véritable clé de leur succès plus encore que la politique de la carotte (et parfois du bâton).Accèder à l'intégralité de l'avenant sur Légifrance